Intervention de Yannick Rousselet

Réunion du 24 novembre 2014 à 16h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Yannick Rousselet, responsable des questions nucléaires à Greenpeace France :

Dans tout gendarme sommeille un citoyen, qui peut supposer que l'installation à côté de chez lui n'est pas forcément au top de la sécurité et de la sûreté. Il peut, régulièrement, nous appeler et nous parler. Il y a des agents EDF qui font de même. Certains appellent directement les médias locaux. Les témoignages que nous avons n'ont que la valeur de témoignages. Nous avons sûrement moins d'informations que les services de l'État, qui pourraient peut-être vous montrer à vous, parlementaires, les vidéos dont ils disposent. Vous auriez ainsi plus d'information, plus de transparence. Nous savons qu'elles existent, et il aurait été souhaitable que ces documents soient produits. Nous avons des professionnels des drones et ils auraient peut-être pu nous aider sur la capacité de ces objets dont tout le monde parle et que personne ne veut montrer. À Flamanville, ces drones ont été filmés, photographiés, il suffirait de les montrer pour avoir plus de transparence.

Jusqu'à présent, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l'ensemble des gens qui travaillent autour de la sûreté ont considéré des scénarios dans lesquels les initiateurs étaient des menaces de l'ordre de l'agression naturelle : séismes, inondations, etc. Nous avons un vrai problème ici, la possibilité d'autres initiateurs. Si nous prenons l'exemple des piscines à combustibles, jusqu'à présent l'ASN regarde les ruptures de tubulures, le siphonage, qui nous amènerait à des dénoyages lents de ces piscines. On envisage 4 centimètres carrés de fuite, et lorsqu'existe une bâche ou une cuve prévues à cet effet, nous sommes dans un scénario où nous sommes capables de faire face. Mais si, demain, nous avons une brèche de plusieurs décimètres carrés dans le flan de la piscine, le scénario est complètement différent. Il est pour nous fondamental de ne pas s'occuper simplement d'une rupture de tuyau, mais de l'éventualité d'une brèche, car, dans ce cas, la question du dénoyage de la piscine devient très importante.

Pour nous, les compétences de l'ASN doivent se renforcer, et cela a été très clairement expliqué par Pierre-Franck Chevet tout à l'heure ; il n'est pas question pour l'ASN de prendre la compétence de la sécurité et de faire une enquête sur le terrorisme. Ce n'est pas leur domaine. Par contre, si les gens en charge de la sécurité définissent des scénarios découlant d'une explosion à tel ou tel endroit, cela nous semblerait extrêmement important que l'ASN puisse les agréger à ceux concernant son noyau dur, en y incorporant non seulement des risques d'inondation ou de séismes, mais aussi des risques générés par la pénétration d'un drone dans des endroits interdits et se posant sur les accès à la source froide ou sur des transmissions d'énergie.

Nous avons demandé au cabinet de John Large de faire cette étude. Nous avions initialement prévu qu'elle soit diffusée publiquement, mais quand nous avons reçu ce document, nous nous sommes dit que ce n'était pas possible. Son niveau de détail est tel que nous ne pouvions pas rendre publique la recette pour aller poser un drone avec une charge adaptée à chaque endroit de la centrale. C'est pour cela que nous avons décidé de remettre une copie à chacune des entités de sécurité et de sûreté, et à vous-même monsieur le président de l'OPEST.

Nous souhaitons que ce rapport soit suivi d'effet. Nous envisageons de rencontrer l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour en parler, et nous espérons que, dans chacun des services, ce rapport soit lu avec attention et qu'on puisse en tenir compte.

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