Intervention de Jacques Myard

Réunion du 17 décembre 2014 à 16h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Regardons la réalité en face, car cet exercice est totalement illusoire. Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il faut faire des réformes de structure et baisser la dépense publique, mais, comme l'a souligné notre collègue Caresche, nous sommes en voie de récession, les experts du FMI le disent. Il faut adapter la politique à la réalité et cesser de couper dans les dépenses publiques à cette vitesse-là. Je rappelle ainsi que le multiplicateur budgétaire est de 1,6 en France.

Que constate-t-on ? Une baisse drastique des investissements dans toute l'Europe, notamment en France depuis 2000. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'investissement « ponctuel », la BPI en fait, le plan de 35 milliards d'euros allait dans le bon sens. Mais, c'est grandement insuffisant. Et le plan Juncker ne va pas régler la question : il ne sera pas mobilisable avant juillet 2015 et il aura un effet homéopathique, puisqu'il représente à peine 1 point du PIB des États de l'Union européenne. Sur ce sujet, nous ne devons pas nous voiler la face : nous sommes dans une impasse et la droite serait au pouvoir, elle serait dans les mêmes contraintes.

Dès lors, comment faire ? Il n'y a pas trente-six solutions. La solution réside dans la monétisation de la dette pour des investissements immédiats. Il faut que les banques centrales fassent des avances aux économies nationales pour créer de la monnaie pour l'investissement. Attention : ce n'est pas de l'inflation, car le système productif est en sous-capacité. C'est ce que font la Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre avec leur politique d'assouplissement quantitatif, mais ce que refuse l'Allemagne

Il faudrait dire à l'Allemagne qu'à partir du moment où on est dans une union monétaire avec des économies divergentes, il faut une union de transferts. Ce que refuse l'Allemagne, qui refuse de payer et préfère purger. Elle mène une politique à la Laval. Cette politique est suicidaire au niveau européen et français. Si nous ne procédons pas à une monétisation de la dette, c'est toute la zone euro qui va éclater.

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