Intervention de Guy Delevacque

Réunion du 24 novembre 2014 à 14h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Guy Delevacque, président, Thales Air Systems :

– Je concentrerai ma présentation sur les mini et microdrones, qui constituent une menace difficilement identifiable. L'armée de l'air dispose de tous les moyens pour traiter les menaces représentées par les drones d'une taille supérieure. Ces drones petits et micro constituent une menace car – précisément – ils sont de petite taille et ils ont une faible vitesse et une faible altitude de vol. Ainsi, aujourd'hui, ils ne sont pratiquement pas détectables par le réseau de radars déployé par l'armée de l'air sur le territoire national. Ces drones peuvent être transformés en « drones suicide », certains pays travaillent sur ce genre de menace. Avec une petite charge utile, ils pourraient représenter un danger pour des centrales nucléaires, mais aussi pour les rassemblements de foule, avec des dommages importants à l'endroit où ils seraient guidés.

Pour traiter ces menaces, il faut être capable de détecter ces drones, de localiser leurs auteurs, puis de les neutraliser. Les moyens de détection radar de l'armée de l'air sont inopérants. Des moyens locaux placés à proximité des zones sensibles sont donc nécessaires : radars, dispositifs de guerre électronique pour intercepter les communications entre la station de pilotage et le drone, ou encore moyens optiques. Les drones sont donc facilement détectables, ces moyens doivent être intégrés dans le système de surveillance aérienne du territoire, si on veut garder la cohérence d'ensemble.

Il est facile de localiser les auteurs, car on peut détecter le mouvement suivi par le drone depuis l'origine. On peut aussi intercepter les communications, des moyens de guerre électronique existent pour cela. On peut mettre en place des réseaux de goniométrie qui permettront de détecter les auteurs de ces actions. Détection et localisation sont donc possibles.

La neutralisation ne pose pas de problème en soi au niveau des moyens. On peut imaginer des techniques de brouillage de liaison de données. Si les drones ne sont pas guidés par liaison de données, on peut aussi imaginer le brouillage du GPS, rendant le drone aveugle et l'empêchant de se déplacer. On peut même imaginer des solutions de destruction physique : à l'extrême, cela peut se faire par des systèmes de défense sol-air comme le Crotale ou les canons antiaériens. La conception et la mise en place de moyens de neutralisation ne posent pas de problème particulier, seul le concept d'emploi reste à définir, car un drone détruit retombe au sol, de même que les obus antiaériens. De telles actions pourraient engendrer des dommages pour les biens ou les personnes situés dans la zone attaquée.

En résumé, cette menace est sérieuse et des moyens techniques de détection, de localisation de leurs auteurs et de neutralisation existent. Nous recommandons que ces moyens soient mis en place dans le cadre de la chaine de posture permanente de sécurité (PPS) du Centre national des opérations aériennes (CNOA) de l'armée de l'air. On pourrait aussi imaginer de mettre en place des moyens déplaçables pour pouvoir se positionner là où la menace est la plus importante. Il convient enfin de bien réfléchir au concept d'emploi, qui nous parait la question majeure à traiter, avant la destruction des drones, pour assurer la sécurité de tout l'environnement.

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