Intervention de Anne-Marie Choho

Réunion du 24 novembre 2014 à 14h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Anne-Marie Choho, directrice « qualité, sûreté, sécurité et soutien aux opérations », groupe AREVA :

– La résistance de nos installations à une agression externe malveillante est un sujet sur lequel nous avons des échanges fréquents avec les autorités, au premier rang desquelles le haut fonctionnaire de défense et de sécurité (HFDS) du ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie (MEDDE). En effet, contrairement à la sûreté nucléaire qui est la responsabilité première de l'exploitant, la réponse aux actes potentiels de malveillance est une responsabilité partagée entre l'État et l'exploitant. Il nous semble donc important que les services de l'État qui exercent cette responsabilité partagée, restent l'autorité régalienne pour la sécurité de nos installations nucléaires.

En dehors des capacités d'intervention des pouvoirs publics pour prévenir ces agressions externes malveillantes et notamment intercepter les aéronefs, plusieurs lignes de défense existent pour garantir la sûreté face à l'agression physique que pourrait représenter un drone. Tout d'abord, nos installations sensibles ont été dimensionnées en prenant en compte la chute accidentelle d'un avion de tourisme. On voit donc bien que l'on est très largement au-dessus de l'impact d'un drone. Ensuite, pour le cas de l'emport d'une charge explosive par des drones, nous garantissons la sûreté des installations dans un certain nombre de scénarii, élaborés avec les autorités. Ces scenarii, comme nos moyens de réponse, sont couverts par le secret de la défense nationale. Cette discrétion est consubstantielle à notre dispositif de protection. Je peux toutefois vous indiquer que nos installations les plus sensibles sont dimensionnées pour garantir la sûreté grâce à des caractéristiques techniques comme une épaisseur de béton accrue, ou une hauteur d'eau conséquente.

Je souhaiterais maintenant aborder le cas de la Hague, parce qu'il est cité par la presse. Le site est considéré comme un point sensible national. D'une part, il est placé sous surveillance des moyens de l'État (contrôle aérien, gendarmerie…) et d'autre part il bénéficie des moyens appropriés de protection. Le dispositif de protection comporte, pour commencer, une zone d'interdiction de survol de 5 kilomètres de rayon et de 1 000 mètres au-dessus du site. D'autre part, le site a des moyens humains et matériels propres de réponse, dont les caractéristiques sont couvertes par le secret de la défense nationale.

Les piscines de la Hague ont été particulièrement évoquées. Elles sont destinées à stocker les combustibles usés qui ont déjà largement refroidi dans les piscines des réacteurs, dans l'attente de leur traitement. Le traitement consiste à recycler les matières et à mettre en sécurité les déchets ultimes. Ces combustibles usés sont maintenus sous eau afin d'éviter tout impact radioactif. Le risque les concernant est donc un risque de dénoyage. La matière nucléaire est en premier lieu contenue dans les assemblages en zirconium, eux-mêmes disposés dans des contenants dotés d'un couvercle, sous 4 à 5 mètres d'eau, dans des piscines à double coque avec des systèmes de pompage redondants. Ces piscines sont des ouvrages en béton étanche de grande épaisseur, revêtus d'une paroi en acier inoxydable. Les systèmes de refroidissement par l'eau ainsi que le système de ventilation sont redondants. Ces piscines sont abritées dans des bâtiments partiellement enterrés, recouverts d'une charpente métallique très robuste et d'un épais bardage. La résistance aux chutes d'objets lancés à grande vitesse et la réponse aux scenarii couverts par le secret de la défense nationale dont j'ai parlé plus haut, s'appliquent à ces bâtiments.

Le risque de vidange de nos piscines suite à altération de celles-ci a été particulièrement étudié dans le cadre des évaluations complémentaires de sûreté conduites par l'ASN après l'accident de Fukushima. Ce réexamen a démontré la pertinence et la robustesse de la démarche qui garantit, même dans des situations extrêmes, l'approvisionnement de l'eau nécessaire pour maintenir les combustibles immergés. D'autres études, notamment menées suite au 11 septembre 2001, avaient envisagé d'autres scénarii de type risque terroriste que je ne peux vous détailler. L'enjeu reste de garantir l'approvisionnement de l'eau pour maintenir les combustibles immergés.

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