Intervention de Paul-Olivier Gibert

Réunion du 18 décembre 2014 à 8h00
Commission de réflexion sur le droit et les libertés à l’âge du numérique

Paul-Olivier Gibert, directeur de Digital & Ethics :

La valeur ajoutée de la vie privée se lit à plusieurs niveaux. Tout d'abord, les atteintes à la vie privée des clients peuvent être destructrices de valeur pour les entreprises, à la fois par le biais des sanctions – pour l'instant mineures – et par la perte de confiance qu'elles suscitent. Ces destructions se font par seaux alors que la valeur se construit à la cuillère !

Les effets dépendent évidemment de la sphère d'activité de l'entreprise et de l'intensité de sa relation avec le client, mais aussi de la population à laquelle on s'adresse. Les rares études sur les attentes du public en matière d'utilisation des données personnelles font apparaître quatre groupes distincts. Le premier soit ne s'inquiète pas de laisser des traces numériques, soit le considère nécessaire car il y trouve des contreparties ; le deuxième tient une position plus nuancée, estimant qu'il ne faut pas aller trop loin ; à l'autre bout du spectre, un groupe extrême voit tout élément de traçabilité et de visibilité comme une atteinte intolérable à la liberté ; enfin, un groupe intermédiaire, attentif aux révélations de l'affaire Snowden, considère que pour vivre heureux, il faut vivre caché, mais reconnaît toutefois l'utilité des outils de géolocalisation pour les personnes dépourvues de sens de l'orientation. Le même service ne jouira pas du même degré de confiance selon qu'il s'adresse à une population de tout-venant ou à sa partie geek, favorable à la diffusion d'informations et à une forme de transparence qui renvoie à une conception de la vie privée aux frontières bien plus reculées qu'il y a soixante-dix ou même vingt ans.

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