Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 10 décembre 2014 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Nous accueillons avec plaisir M. Pierre-Jean Luizard, directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et auteur de plusieurs ouvrages sur l'Irak et le chiisme, et M. Hosham Dawod, chercheur au CNRS, responsable de l'antenne de l'Institut français du Proche-Orient en Irak jusqu'en septembre dernier et directeur du programme « Crises des sociétés, crises d'Etats » à la Fondation Maison des sciences de l'homme.

DAECH a lancé une offensive fulgurante en juin 2014 qui lui a permis de s'emparer de la ville de Mossoul, de plusieurs provinces du centre et de l'ouest de l'Irak, ce qui a pris au dépourvu de nombreux acteurs y compris l'Iran. Comment analysez-vous la montée en puissance de ce mouvement, originellement très groupusculaire ? Quelle part de responsabilité attribuez-vous à la déstabilisation de l'Irak induite par l'intervention armée américaine et par la politique autoritaire et sectaire conduite et par l'ancien Premier ministre, M. Nouri al-Maliki, dans le succès de DAECH ? Alors que les Américains avaient réussi à rallier des tribus sunnites au nouveau pouvoir irakien, celles-ci se sont senties brimées par le gouvernement et soutiendraient aujourd'hui DAECH. Combien de tribus sunnites la Jordanie et d'autres pays ont réussi à convaincre de quitter leur alliance avec DAECH ?

L'avancée de DAECH semble contenue – voire contrée localement – grâce à l'appui des frappes aériennes de la coalition internationale, dont la France est membre, même si faire reculer significativement DAECH et l'éliminer requerront beaucoup de temps – ne serait-ce qu'en raison du lien entre la situation en Irak et celle en Syrie.

Le nombre de conseillers américains en Irak s'élève maintenant à 3 000, et d'autres membres de la coalition se sont dits prêts à déployer 1 500 hommes supplémentaires pour aider les forces irakiennes à regagner du terrain. À quelles conditions peut-on battre DAECH ? Les opérations militaires sont indispensables, mais d'autres outils – diplomatiques, humanitaires et d'aide au développement – doivent être utilisés.

M. Haïder al-Abadi a remplacé M. al-Maliki, a formé un gouvernement relativement large, a envoyé des signes d'ouverture à l'égard des sunnites irakiens et des Kurdes, et vient de signer un accord avec ces derniers sur les ressources pétrolières et le budget fédéral. Néanmoins, la perspective de la réconciliation nationale s'avère lointaine : vous paraît-elle tout de même possible ? Comment jugez-vous l'action du Premier ministre ? Comment voyez-vous l'avenir de l'Irak en tant qu'État ? Quelle serait la viabilité d'un Kurdistan indépendant ?

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