Madame la rapporteure, nous bénéficions aujourd'hui de tarifs compétitifs, compris entre 20 et 30 euros du mégawattheure, parce que nous consommons majoritairement en heures creuses. Nous arrêtons de consommer pendant les périodes de pointe et même en hiver. Bref, nous nous livrons à de nombreuses acrobaties pour optimiser le coût de l'électricité. Plutôt qu'un régime de faveur, il s'agit d'une sorte de gymnastique que nous avons développée pendant des dizaines d'années avec EDF pour valoriser au mieux la synergie entre notre consommation et la production d'EDF. Aujourd'hui, nous sommes satisfaits de notre position concurrentielle qui nous permet d'exercer nos responsabilités de leader mondial, de faire de la recherche et développement, et de développer des projets à haute valeur ajoutée en aval. Nous ne demandons pas un avantage supplémentaire, nous avons seulement besoin de pérenniser notre position compétitive.
L'électricité n'est pas, bien évidemment, le seul facteur de notre compétitivité, mais c'est un élément majeur. En Europe, nous avons un concurrent historique, la Norvège, dont la compétitivité est avérée, et des projets sont dans l'air en Islande où les ressources hydroélectriques sont très importantes. En dehors de cela, il reste une seule usine de production de silicium en Espagne, mais elle fait d'ailleurs partie de notre groupe, et une autre en Bavière, qui est l'une des moins compétitives au monde et qui ne parvient à survivre qu'en raison de ses liens avec le gouvernement bavarois et à certains gros clients locaux qui lui sont assurés. Nos principaux concurrents sont en Chine, au Brésil et en Amérique du Nord où ils profitent de la faiblesse du dollar et d'une énergie abondante et peu chère.
Pour autant, nous attendons de l'Union européenne qu'elle envisage sa politique énergétique au travers d'objectifs industriels, en utilisant l'outil électricité comme levier au service de sa politique industrielle.
Nous avons conclu, avec le gouvernement du Québec, un accord sur vingt-cinq ans. Avec l'Islande, nous avions négocié un contrat d'une durée de dix-huit ans, mais nous n'avons pas donné suite. Nous avons également traité avec la Malaisie, qui cherche à attirer des industriels sur l'Île de Bornéo. Quant à la Chine, elle gère ses ressources électriques pour poursuivre son industrialisation.
Le contexte de la concurrence est évidemment mondial. Aujourd'hui, le Brésil, qui est l'un de nos principaux concurrents et dont l'énergie est essentiellement d'origine électrique, se trouve passagèrement dans une situation critique en raison d'une sécheresse durable. Nos homologues brésiliens, qui d'habitude sont les plus agressifs sur les marchés européens et nord-américains, sont conjoncturellement « hors-jeu » parce qu'ils attendent la pluie depuis maintenant un an et demi.