Intervention de Jean-Paul Ortiz

Réunion du 17 décembre 2014 à 10h00
Délégation aux outre-mer

Jean-Paul Ortiz :

Nous ne sommes pas loin dans l'approche de la problématique, à ceci près que c'est écrit à l'envers. Pour commencer, l'expression même de « service territorial de santé au public » est très mauvaise. Un de vos collègues socialistes m'a confié, entre quatre yeux, que cela faisait penser au STO et au service militaire et qu'il fallait faire disparaître le mot « service »… Ce n'est peut-être que de la phraséologie, mais ce n'est pas faux ! Je préfère l'idée d'un contrat territorial. Des choses se font sur le terrain : nourrissons-nous de cette richesse. Des médecins s'engagent bénévolement, en prenant sur leur temps personnel ; il faut les aider. L'ARS ne doit pas piloter, mais les accompagner, les aider à monter des dossiers, à mieux structurer les projets. Il y a un vrai problème de gouvernance autour de ces contrats territoriaux. La gouvernance doit être exclusivement aux mains des professionnels de terrain, surtout pas aux mains de l'ARS : elle va en faire un « machin » bureaucratique avec lequel nous allons passer notre temps à faire de la paperasserie. Au contraire, l'ARS doit être un facilitateur et un accompagnateur.

Vous dites, madame la rapporteure, que ce genre d'initiative ne se retrouve pas partout. Mais justement, si l'on n'aide pas les professionnels de santé qui ont commencé à tout mettre en oeuvre pour maintenir telle ou telle initiative ou pour développer telle ou telle thématique, ils vont s'essouffler et arrêter. Voilà le danger ! Il faut, au contraire, les accompagner et les aider, y compris sur le plan financier. Commençons par faire l'inventaire de ce qui marche aujourd'hui sur le terrain, préservons-le et accompagnons-le pour mieux le structurer. Demain, nous le dupliquerons ailleurs.

C'est ce que j'ai fait dans ma région. Des professionnels de santé libéraux, se rendant compte qu'il s'agissait d'une thématique compliquée et mal structurée, ont organisé, à Montpellier, la prise en charge du cancer du sein chez la femme. Ils se sont réunis et ont abordé les problématiques avec une psychologue et une assistante sociale pour faciliter le parcours de soins des patientes. Ils ont créé une association loi de 1901. L'Union régionale des professionnels de santé (URPS), que j'ai présidée pendant plusieurs années, les a accompagnés dans ce projet. Comme ils s'occupent aujourd'hui d'environ 1 000 patientes, l'ARS va leur accorder un petit financement. On peut penser que l'ARS a un peu tardé, encore que, pour ma part, je l'ai trouvée assez ouverte et réactive. Mais dans de nombreux endroits, ce n'est pas le cas : certaines ARS ne s'intéressent pas à ce genre d'initiative.

Ce qui a été fait à Montpellier est actuellement dupliqué dans les autres villes de la région. Quand ils ont constaté que cela marchait, les médecins d'autres villes en ont discuté avec leurs collègues de Montpellier et avec ceux de la région, qui leur ont expliqué ce qu'ils avaient fait. Finalement, ils ont décidé de faire pareil. C'est ce qu'il faut faire : procéder à l'inventaire de ce qui se fait, le consolider…

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