Dix-sept de nos compatriotes sont tombés sous les balles tirées par des terroristes qui ont perdu la raison humaine. La France pleure des journalistes et des dessinateurs qui avaient la liberté d’expression chevillée au corps. La France pleure des policiers qui ont été au bout de leur devoir. La France pleure des compatriotes juifs assassinés parce que, justement, ils étaient juifs.
Des barbares ont agi au nom d’une religion, l’islam, dont ils ont dévoyé le sens profond. Nous savons que c’est une douleur pour l’immense majorité de nos compatriotes musulmans.
Notre pays a souffert au plus profond de lui-même. Mais dimanche, la France, la République, les Français et le monde libre ont riposté, car ce qui est en jeu fondamentalement, c’est la guerre que des fanatiques nous ont déclarée. Ce qui est en jeu, ce sont les valeurs humanistes de la Révolution française que la France a offertes au monde en 1789. C’est la défense d’une civilisation, d’un héritage culturel et politique qui transcende toutes nos croyances, toutes nos convictions, toutes nos appartenances.
N’ayons pas peur de dire cette vérité aux Français ! N’ayons pas peur de dire que cet ennemi exècre notre héritage judéo-chrétie, qu’il exècre l’héritage de la Révolution française. En un mot, il veut la mort de la civilisation occidentale.
La tragédie de la semaine dernière était en germe dans les conflits où la France est engagée, en guerre – au Mali, en Irak. Notre pays doit poursuivre ces engagements car la barbarie à l’oeuvre est la même ici et là-bas. En massacrant des Kurdes, en violant et en traitant comme du bétail des milliers de femmes yézidies, en exterminant les chrétiens d’Orient, notre ennemi nous a signifié ce dont il était capable.
Les Français ont ouvert les yeux sur la réalité de cette barbarie et, dimanche, ils ont adressé un message à toute la classe politique – à vous, monsieur le Premier ministre, car vous dirigez le gouvernement de la France, mais à nous aussi, députés de la nation, car nous faisons la loi et nous contrôlons l’action des pouvoirs publics et du Gouvernement.
Il y a eu des failles, vous l’avez dit vous-même, monsieur le Premier ministre, et nous devons la vérité aux Français. Ils ne comprendraient pas que l’Assemblée nationale tergiverse et refuse la création d’une commission d’enquête dotée de tous les pouvoirs d’investigation.
À circonstances exceptionnelles, il faut aussi une loi exceptionnelle. Nous devons la voter sans trembler. Pour que les choses soient claires : si nous devions, pour un moment, restreindre les libertés publiques et la liberté individuelle de quelques-uns, il faudra le faire, en condamnant durement les personnes qui consultent de manière habituelle des sites internet qui font l’apologie du terrorisme, en censurant des sites et des chaînes de télévision qui véhiculent la haine, en autorisant nos services à arrêter des terroristes en puissance dès lors qu’on les soupçonne de préparer une action.
Reste la question fondamentale que se posent les Français : que faisons-nous pour neutraliser les milliers de Français partis faire le djihad, si par malheur ils reviennent ?
La solution, et la seule, c’est le placement en centres spéciaux de détention ou en prison – en un mot, l’enfermement des fous dangereux pour garantir la sécurité des Français.
S’ils sont binationaux, il faut prononcer la déchéance de nationalité. Quand on porte les armes contre la France, contre ses soldats, contre ses policiers, contre ses gendarmes, on ne mérite pas d’être Français. Cette loi, nous l’avons proposée en décembre. Il est grand temps que nous la votions ensemble.
Il est grand temps aussi que l’Europe prenne toutes ses responsabilités. La France a été touchée au coeur par la solidarité européenne qui s’est exprimée dimanche. Nos soldats, au Sahel et au Moyen-Orient, défendent les libertés de tous les Européens. Si l’on considère que c’est le sens de l’engagement français, alors le fardeau budgétaire doit être partagé.
La grande loi de sécurité nationale impose enfin un collectif budgétaire. Il n’y aura pas de guerre victorieuse sans effort de guerre, pour l’armée d’abord – vous ne ferez pas l’économie d’une révision de la loi de programmation militaire –, pour les services de renseignement, qui ont besoin de beaucoup plus de moyens, notamment en matière d’écoute et de géolocalisation ; pour la police et la gendarmerie, qui voient des islamistes qui se sont radicalisés en prison en sortir grâce à des aménagements de peine : voilà une faille béante !
Enfin, il y a l’école de la République. Si l’on accepte que des écoliers, des collégiens et des lycéens refusent une minute de silence à nos morts, alors on a déjà perdu ! Il faut abandonner la culture de l’excuse et sanctionner de telles dérives, en laissant les enseignants redevenir les hussards de la République, intraitables dans la défense de la laïcité et des valeurs républicaines.
Le 25/03/2015 à 14:16, laïc a dit :
"Enfin, il y a l’école de la République. Si l’on accepte que des écoliers, des collégiens et des lycéens refusent une minute de silence à nos morts, alors on a déjà perdu !"
On pourrait rajouter : si on accepte que les écoliers, ou les parents des écoliers, imposent leurs choix religieux à ceux qui font les menus de l'école laïque, alors la laïcité aura perdu. M. Sarkozy s'est courageusement élevé contre le diktat des religions à l'école publique et laïque, il serait bon que la droite lui emboîte le pas sans barguigner, sauf à vouloir perdre 2017. Non pas que je sois de droite, ce n'est pas le problème, le problème est de faire gagner la laïcité en 2017, et pour l'instant le seul candidat que j'ai vu pour cela, hormis Marine Le Pen (mais on a vu qu'à Fréjus, ville Front national, les doubles menus persistaient, ce qui est bien la preuve que la laïcité ne peut pas être défendue efficacement par ce parti), c'est M. Sarkozy.
Le 14/01/2015 à 15:18, laïc a dit :
"Il faut abandonner la culture de l’excuse et sanctionner de telles dérives, en laissant les enseignants redevenir les hussards de la République, intraitables dans la défense de la laïcité et des valeurs républicaines."
Si la République est intraitable dans la défense de la laïcité, ce sera une révolution. Adieu circoncision, hallal, carrés confessionnels dans les cimetières, menus séparés dans les cantines, programmes scolaires délibérément édulcorés pour ne pas fâcher, notamment en Histoire et sciences, et peut-être oublie-je d'autres éléments... Moi c'est ce que je demande, mais les députés ne s'avancent-ils pas imprudemment sur un terrain qu'ils ne connaissent pas très bien en fait, à savoir les conséquences pratiques d'une vraie laïcité ? Les mots c'est une chose, mais la pratique risque d'en être une autre. En tout cas, puisqu'enfin les députés semblent motivés, moi je leur dis : agissez, et prouvez-nous que la laïcité vous tient vraiment à coeur.
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