et la justice antiterroriste. La tâche de ces femmes, de ces hommes est par essence discrète et immensément délicate. Ils font face à un défi sans précédent, à un phénomène protéiforme, mouvant, qui se dissimule aussi, et, parce qu’ils savent travailler ensemble, ils obtiennent des résultats. À cinq reprises en deux ans, ils ont permis de neutraliser des groupes terroristes susceptibles de passer à l’acte. En France, comme dans l’ensemble des pays européens, le nombre de personnes qui se reconnaissent dans le djihadisme international a fortement augmenté en 2014. Dès l’examen de la loi antiterroriste en décembre 2012, j’ai dit qu’il y avait en France des dizaines de Merah potentiels. Le temps a confirmé dramatiquement et implacablement ce diagnostic.
Sans renforcement très significatif des moyens humains et matériels, les services de renseignement intérieur pourraient se trouver débordés. On dépasse désormais 1 250 individus pour les seules filières irako-syriennes, et il ne faut jamais négliger les autres théâtres d’opérations, les autres menaces, celles des autres groupes terroristes au Sahel, au Yémen, dans la corne de l’Afrique et dans la zone afghano-pakistanaise. Nous affecterons donc les moyens nécessaires pour tenir compte de cette nouvelle donne. En matière de sécurité, les moyens humains sont en effet essentiels. Nous en avons tenu compte depuis 2012.
En 2013, sur la base des enseignements des tueries de Montauban et de Toulouse, et des propositions formulées par la mission Urvoas - Verchère, une profonde réforme de nos services de renseignement a été accomplie avec la transformation de la Direction centrale du renseignement intérieur en Direction générale de la sécurité intérieure. La création de 432 emplois au sein de la DGSI a été programmée, afin de renforcer les compétences et de diversifier les recrutements – informaticiens, analystes, chercheurs ou interprètes. A ce jour, 130 postes sont déjà pourvus.
Nous avons aussi amélioré la coopération entre nos services intérieurs et extérieurs, et renforcé – même s’il faut encore faire davantage – nos échanges avec les services étrangers, à la suite de l’initiative que j’ai prise, il y a deux ans, avec les ministres européens, notamment avec la ministre belge, Joëlle Milquet, dont le pays est également confronté à ces problèmes. Cette initiative a été prolongée par Bernard Cazeneuve avec la réunion, place Beauvau, de nombreux ministres de l’intérieur.
Mais il faut aller plus loin. J’ai ainsi demandé au ministre de l’intérieur de m’adresser, dans les huit jours, des propositions de renforcement. Elles devront notamment concerner internet et les réseaux sociaux, qui sont plus que jamais utilisés pour l’embrigadement, la mise en contact et l’acquisition de techniques permettant de passer à l’acte.