Il y a cette inquiétude immense, cette peur que nous avons sentie, palpée, samedi, dans la foule, devant cet hypermarché casher, porte de Vincennes, ou à la synagogue de la Victoire, dimanche soir.
Comment accepter qu’en France, terre d’émancipation des juifs il y a deux siècles, mais qui fut aussi, il y a soixante-dix ans, l’une des terres de son martyr, comment peut-on accepter que l’on puisse entendre dans nos rues crier « Mort aux juifs ! » ? Comment peut-on accepter les actes que je viens de rappeler ? Comment peut-on accepter que des Français soient assassinés parce qu’ils sont juifs ? Comment peut-on accepter qu’un citoyen tunisien, que son père avait envoyé en France pour qu’il soit protégé, alors qu’il va acheter son pain pour le shabbat, meure parce qu’il est juif ? Ce n’est pas acceptable.
À la communauté nationale, qui peut-être n’a pas suffisamment réagi, à nos compatriotes français juifs, je leur dis que cette fois-ci nous ne pouvons pas l’accepter, que nous devons, là aussi, nous rebeller. Nous devons poser le vrai diagnostic : il y a un antisémitisme que l’on dit historique, remontant du fond des siècles, mais il y a surtout ce nouvel antisémitisme qui est né dans nos quartiers sur fond d’internet, de paraboles, de misère, sur fond de détestation de l’État d’Israël, qui prône la haine du juif et de tous les juifs.