Parmi les quelques reproches que nous pouvons faire au discours de politique générale que nous avons entendu hier, il en est un qui revient en boucle : c'est de voir combien vous êtes, combien la majorité est déconnectée du monde d'aujourd'hui. (Rires sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)
Suivez donc les conclusions du rapport que vous avez vous-mêmes commandé à la Cour des Comptes ! Cet audit qui fut demandé par François Hollande à la Cour, et supposé accabler l'héritage de son prédécesseur. Résultat : quitus est donné pour la bonne gestion du président Sarkozy (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI. – Exclamations sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.) Mieux encore, la Cour des comptes fait injonction au nouveau gouvernement de poursuivre la politique courageuse d'assainissement des finances publiques que nous avions engagée. (Mêmes mouvements.)
Mais le message qui fut adressé hier aux Français est inverse. Il est très clair : l'alpha et l'oméga de votre politique en matière de finances publiques consisteront, plutôt qu'en la baisse des dépenses publiques, en l'augmentation des prélèvements obligatoires.
Or, tous les pays qui ont réussi à assainir leurs finances publiques ont fait porter la majorité de l'effort sur la réduction des dépenses publiques, du Canada à l'Allemagne en passant par la Suède. Dans les exemples étrangers qui ont réussi, l'effort portait à 70 % sur la dépense et seulement à 30 % sur les impôts. Et encore s'agissait-il d'une fiscalité qui ne s'attaquait pas à la compétitivité, c'est-à-dire qui épargnait le travail et l'investissement !
Or, qu'y a-t-il dans le programme qui nous a été présenté hier ? Vous supprimez la révision générale des politiques publiques. Vous alourdissez le coût du travail en taxant les heures supplémentaires et en augmentant les charges. Vous supprimez la fiscalité anti-délocalisations. Vous détruisez la réforme des retraites. Vous multipliez les taxes sur l'investissement.
Je le dis comme je le pense : il est beaucoup plus facile d'augmenter les impôts que de baisser les dépenses. Parce que pour baisser les dépenses publiques, il faut quelque chose qui ressemble à du courage politique. (« Eh oui » ! et applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Il faut du courage politique, et un consensus.
Lorsque nous avons, durant cinq années, assumé la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, je le reconnais bien volontiers, il n'y avait pas de consensus avec l'opposition d'alors. Mais nous, je vous le dis très simplement, nous avons vocation à être constructifs (Exclamations sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP) et à soutenir les efforts qui s'imposent au pays.
En d'autres termes, si vous veniez à proposer un programme courageux de baisse des dépenses publiques, je le dis solennellement, nous serions à vos côtés, au nom de l'intérêt national. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
Pour les dépenses de l'État, l'heure n'est pas au recrutement de fonctionnaires dans l'éducation nationale, mais au maintien du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et à une réflexion courageuse sur le périmètre de la fonction publique.
Pour ce qui est des collectivités locales, il est absurde de supprimer la loi que nous avons fait adopter, qui mène progressivement vers la fusion des services des conseils généraux et régionaux.
Quant aux dépenses sociales,…