Intervention de Pierre Lellouche

Séance en hémicycle du 13 janvier 2015 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces françaises en irak débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Entre les incertitudes américaines et l’émergence de nouveaux rapports de force dans l’ensemble de la région, il y a pourtant place pour une grande politique étrangère française, qui pourrait entraîner nos partenaires européens, à condition d’engager une réflexion en profondeur sur le devenir de l’ensemble de la région et de ces quatre États clefs que sont l’Irak, la Jordanie, le Liban et la Syrie.

Le quatrième risque vous concerne directement, monsieur Le Drian, et tient à un travers que nous ne connaissons que trop bien : il s’agit de l’inadéquation entre nos ambitions et nos moyens. Une dotation de 31,4 milliards d’euros – le chiffre magique – est tout simplement insuffisante pour assurer l’exécution des missions confiées à nos forces armées sur les différents théâtres d’opérations. Peut-on à la fois protéger le Mali, sécuriser le Sahel, reconstruire la Centrafrique, combattre l’État islamique, et désormais protéger les Français sur leur propre territoire, avec un budget qui ne cesse de se réduire comme peau de chagrin ? Cette année, et vous le savez mieux que personne, monsieur le ministre, il manquera un milliard de surcoût des opérations extérieures, les OPEX, 3,5 milliards de factures impayées et 2,5 milliards de ressources exceptionnelles qui ne seront pas au rendez-vous, soit au total près de sept milliards d’euros, l’équivalent d’une annuité complète d’équipements de nos armées, hors nucléaire !

Pourtant, notre action en Irak, comme l’actualité le prouve, doit avoir désormais pour priorité absolue un impératif de défense strictement national – cela a été dit tout à l’heure par le Premier ministre – : mieux connaître les filières de combattants djihadistes d’Europe et de France afin de les démanteler ; mieux coordonner la défense de l’avant et la défense du territoire en termes de renseignement, de pilotage politique et stratégique. Autant de tâches qui restent à accomplir et qui doivent aller de pair avec le renforcement indispensable des moyens de lutte contre le terrorisme à l’intérieur : amélioration du renseignement et renforcement de la législation, comme nous l’avions suggéré, en vain, lors de la discussion de la loi Cazeneuve il y a quelques semaines.

Il faut espérer que, sur l’ensemble de ces points, l’extraordinaire mobilisation de notre pays, dimanche dernier, permettra d’avancer sur la base d’un consensus bipartisan. Après l’émotion et la compassion, le temps de l’action est venu.

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