Mon propos portait plutôt sur le soutien en général. Pour ce qui est de la question particulière du MCO aéronautique, il présente en France cela de particulier que nous avons conservé une structure industrielle : les ateliers industriels de l’aéronautique sont essentiellement au nombre de trois, Clermont-Ferrand, Cuers et Bordeaux, avec quelques satellites, et tiennent une place originale dans le soutien du parc aéronautique.
Cependant, si l’on se félicite de leur capacité à entretenir des matériels anciens dans des conditions parfois acrobatiques, l’on hésite beaucoup à leur confier le soutien des aéronefs neufs qui arrivent en ligne. On ne recrute plus de personnel, ce qui donne lieu à des situations de tension dramatiques : faute de personnel, on ne prend pas de nouveaux avions et, faute de nouveaux avions, on sait qu’à terme, l’avenir de ces ateliers est compromis… Or, la CGT juge important de maintenir toutes les composantes de cette activité.
J’appartiens pour ma part à l’industrie, certes étatique, mais de droit privé, et l’on y voit bien le danger de la solution simple consistant à externaliser trop massivement le soutien, qui aboutit à des situations dommageables pour l’autonomie des forces armées. Ainsi, le 14 juillet, on a vu défiler sur les Champs-Élysées le char Leclerc, avec la société Nexter en soutien, car c’est en effet notre mission. Mais si demain ce char doit intervenir quelque part en opération, qui s’en chargera ?
Aujourd’hui, au niveau du Service de la maintenance industrielle terrestre – le SMITer – et même au niveau militaire, les moyens de soutien sont rares. Dans l’aéronautique, nous avons encore une carte à jouer, car nous disposons encore d’un outil solide et compétent, qui repose aussi, je ne résisterai pas au désir de le rappeler, sur les ouvriers d’État, souvent décriés, car jugés trop chers, mais qui possèdent un niveau de compétence reconnu qui, dans le privé, serait payé à bon prix. De fait, le statut d’ouvrier d’État a précisément été créé pour permettre de rémunérer des gens au service de l’État à des conditions supérieures, il faut le reconnaître, à celle dont bénéficient les fonctionnaires.