Monsieur le ministre, nous avons voté une loi de programmation militaire, conforme aux orientations du Livre blanc, qui définit le modèle et les missions que le Président de la République a fixés à nos armées. Il s’agit d’une bonne loi de programmation, mais la situation de nos armées reste difficile, compte tenu des efforts qu’elles ont eus à faire.
La France est aujourd’hui engagée sur des théâtres d’opération extérieurs, particulièrement au Sahel et au Mali, où nous assurons la sécurité des populations, à la demande des Maliens et de nos amis dans l’ensemble du Sahel, mais aussi celle des Français, puisque nous constatons aujourd’hui qu’il existe un continuum de sécurité défense : que ce soit à l’extérieur ou sur le plan domestique, c’est la même sécurité que nous assurons.
Nous agissons pour la sécurité des Français et, plus largement, comme chacun sait, pour la sécurité collective des Européens. Après les attentats de la semaine dernière, le moment semble donc venu, compte tenu des difficultés que nous rencontrons dans l’accomplissement de toutes ces missions – et nous savons que nous ne pourrons pas aller beaucoup plus loin, étant donné que le budget militaire est stabilisé à 31,4 milliards d’euros par an pour toute la durée de la loi de programmation militaire – de sortir les dépenses de défense, hors pensions, du calcul du déficit budgétaire, tel qu’apprécié par Bruxelles.
Cette solution rassemble nombre d’entre nous, au-delà des clivages et des sensibilités politiques. Le moment ne serait-il pas venu, alors que les leaders européens ont manifesté leur solidarité dans la rue, de demander à nos partenaires européens que cette solidarité s’exprime aussi sur le plan budgétaire afin de faciliter nos missions, dans la mesure où celles-ci contribuent à la sécurité de tous les Européens ?
Que pense le Gouvernement de cette idée qui consisterait à sortir les dépenses d’investissement, pour le moins, voire toutes les dépenses de défense, hors pensions, du calcul du déficit budgétaire ? Comment voyez-vous la chose avec nos partenaires européens ? Et comment pouvons-nous vous aider à faire prendre conscience, dans toute l’Europe, que ce que nous faisons sur le plan extérieur contribue, non seulement à la sécurité des Français, mais à celle de tous les Européens ? Nous le savons : la menace reste très élevée en France, mais elle est aussi, je le crains, très élevée dans toute l’Europe.