Intervention de Christophe Bouillon

Séance en hémicycle du 14 janvier 2015 à 21h30
Débat sur la politique maritime de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Bouillon :

« Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » Ces mots de Baudelaire prennent un sens particulier à l’aune des tragiques événements de la semaine passée. Ils nous disent aussi que la mer est un espace ouvert, sur le monde et sur l’avenir. Le Premier ministre l’a rappelé lors des Xe Assises de l’économie de la mer : « L’ambition maritime de la France est notre avenir. » La France est une grande puissance maritime, grâce à ses outre-mer. Avec onze millions de kilomètres carrés, nous possédons la deuxième surface maritime mondiale. Répartie sur quatre océans, elle est un outil au service de trois ambitions : diplomatique, économique et environnementale.

Sur le plan diplomatique, notre présence maritime fait de la France un interlocuteur incontournable. Grâce à elle, notre voix porte aux quatre coins du globe. Elle nous permet également de nous impliquer dans le développement de toutes les parties du globe. Elle nous impose enfin de protéger, par la diplomatie environnementale, ce patrimoine inestimable. Ce sera d’ailleurs l’un des enjeux de la conférence environnementale que nous accueillerons en décembre à Paris.

Sur le plan économique, la mer nourrit notre pays. Elle génère 300 000 emplois directs, un million si l’on compte les emplois induits, et 65 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Dans ce domaine comme dans tant d’autres, la France possède des atouts indéniables. Des entreprises de pointe travaillent par et pour la mer. Outre les grands groupes internationaux que nous connaissons tous, notre pays compte de nombreuses PME et PMI, moins connues mais tout aussi efficaces – je pense à une entreprise de ma circonscription, Flexi France, spécialisée dans la production de conduites flexibles, qui intervient dans le monde entier.

Cette puissance économique se retrouve dans de nombreux domaines : chantiers navals, industries nautiques, transports maritimes, pose de câbles sous-marins et bien d’autres activités encore. Elle génère une croissance bleue, pendant maritime de la croissance verte que nous venons d’encourager en votant le projet de loi relatif à la transition énergétique.

À l’échelle mondiale, l’économie bleue représente 5,4 millions d’emplois et un chiffre d’affaires de 500 milliards d’euros. Nous sommes présents sur ce marché et nous le serons encore demain grâce à la recherche, l’innovation et l’enseignement, qui seront nos meilleurs atouts.

Enfin cette surface maritime nous assigne une ambition environnementale. Vous l’avez dit, monsieur le secrétaire d’État, la mer est un patrimoine national que nous devons protéger. La France affirme d’ores et déjà son ambition de créer 20 % d’aires maritimes protégées à l’horizon 2020. Nous devons atteindre ces objectifs : il en va de la préservation d’une biodiversité que nous découvrons chaque jour davantage grâce à nos programmes de recherche.

L’économie de la mer est aussi une économie de la connaissance. Nous ne devons pas cesser de rappeler le coût de l’érosion de la biodiversité : nous ne pouvons pas nous permettre de le payer.

La protection marine va de pair avec la mise en place d’une pêche durable. Nous sommes conscients de la limite de nos ressources. Nous savons que notre modèle économique doit évoluer, et nous le ferons évoluer vers un modèle plus juste et plus responsable, tant du point de vue social que du point de vue environnemental. Nous pourrons ainsi utilement remettre sur la table l’interdiction du chalutage en eau profonde en vue d’avancer sur cette question avec la Commission européenne et la majorité des États membres, qui y est favorable.

L’économie bleue est aussi une économie verte et doit s’appuyer sur les filières d’avenir. Je pense au développement de nos ports, notamment ceux du Havre et de Marseille, véritables portes d’entrée de la France. Je pense à nos chantiers navals, qui devront construire les navires du futur que vous appelez de vos voeux et qui mettront la technologie au service de l’écologie. Je pense également au développement des énergies renouvelables marines, qui bénéficient aujourd’hui d’un programme d’investissements d’avenir. Je pense enfin à la valorisation de notre patrimoine marin.

L’attrait de l’homme pour la mer ne faiblira pas dans les prochaines années. La mer représente un potentiel de croissance particulièrement fort pour nos zones littorales, comme l’ont rappelé de nombreux intervenants.

Mes chers collègues, tout au long de son histoire notre pays a su regarder vers le large. Nous avons la capacité de relever ensemble les défis diplomatiques, économiques et environnementaux. C’est aujourd’hui que nous écrivons les pages de notre avenir dans le livre de notre politique maritime.

Je mesure, comme beaucoup de mes collègues, que vous avez, monsieur le secrétaire d’État, parfaitement compris le sens de ces défis et que vous engagez les moyens nécessaires pour les relever. Ce faisant, vous répondez à l’ambition de notre pays de continuer à être une grande puissance maritime.

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