Intervention de Yannick Moreau

Séance en hémicycle du 14 janvier 2015 à 21h30
Débat sur la politique maritime de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Moreau :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues de la terre, de la montagne, des plaines et des vallées hexagonales, en ces périodes de marasme économique, permettez à un élu de la Vendée littorale de rappeler le formidable gisement de croissance que représente la mer pour notre pays.

Savez-vous, mes chers collègues, qu’il est un domaine où la France occupe le deuxième rang mondial ? C’est assez rare pour être souligné. Nous disposons en effet du deuxième plus vaste espace maritime au monde, l’équivalent de onze millions de kilomètres carrés, soit dix-sept fois la surface de la France continentale.

À eux seuls, ces chiffres doivent nous permettre de mesurer tout l’enjeu que représente pour notre avenir collectif la définition d’une politique nationale maritime stratégique et ambitieuse. Comment passer du constat de la vocation maritime de la France à une stratégie de développement de nos activités maritimes au service de l’intérêt national, de nos entreprises et de l’emploi ?

Il m’est impossible de répondre à cette question dans les quelques minutes qui me sont imparties. Aussi me contenterai-je d’esquisser brièvement trois pistes qui sont autant d’opportunités à saisir pour la France et de champs d’action féconds pour notre pays.

La première urgence est d’affirmer clairement aux yeux du monde la souveraineté de la France sur ses espaces maritimes. Ne soyons pas naïfs : si nous ne nous donnons pas les moyens d’occuper militairement, scientifiquement et diplomatiquement les gigantesques territoires qui sont les nôtres, nous prenons le risque de nous les voir contester et de perdre la maîtrise de leur destin.

C’est un enjeu considérable pour la France. La compétition est rude et active parmi les grandes puissances maritimes. Ne perdons pas cet avantage, qui nous hisse au rang des grandes nations et nous garantit des perspectives de développement aujourd’hui insoupçonnées.

Quand on songe que moins de 5 % des fonds maritimes de la planète ont été à ce jour explorés, on mesure le gigantesque potentiel de connaissances scientifiques, de ressources, partant de développement que recèle notre patrimoine maritime.

Le deuxième axe de notre nouvelle stratégie maritime devra être de considérer la mer comme un formidable levier de croissance – croissance scientifique, avec un soutien renforcé à l’IFREMER, croissance économique, énergétique, croissance bleue, croissance maritime et ultra-marine, croissance du transport maritime commercial, qui représente 80 % de la circulation mondiale des marchandises, défense du pavillon français, croissance littorale, tropisme littoral, croissance démographique, croissance des filières nautiques et des chantiers navals de guerre, scientifiques, de pêche et de plaisance. Autant de leviers de croissance essentiels pour notre pays et pour les régions littorales comme la Vendée, qui se trouve au confluent de la plupart de ces enjeux.

Moteur en matière de développement d’énergie éolienne offshore au large des îles d’Yeu et de Noirmoutier, leader mondial de la construction navale de navires de plaisance avec le groupe Bénéteau, deuxième département de pêche français en valeur de poisson débarqué, comptant une filière pêche et marine innovante, une démographie littorale galopante, des projets vitaux de nouveaux ports de plaisance – suspendus à l’arbitraire des décideurs environnementaux –, organisatrice de l’une des plus grandes épreuves sportives nautiques au monde, le Vendée Globe, la Vendée est un laboratoire à ciel ouvert de cette « croissance bleue » qui pourrait, et devrait, participer au rebond de notre économie. Je vous invite, monsieur le secrétaire d’État, à venir le constater sur place.

Le troisième axe de notre nouvelle stratégie maritime nationale est un axe transversal qui fonde les deux autres : il s’agit de la préservation de nos océans.

L’urgence de la protection écologique et durable des mers et des océans est la condition préalable de toute ambition maritime pour la France. Le gigantesque réservoir de biodiversité, de ressources et de connaissances scientifiques qu’ils constituent ne représente un véritable intérêt que si nous faisons de leur protection une priorité. Qualité de l’eau, gestion des déchets, énergies propres, protection des fonds sous-marins, des frayères, respect des cycles de reproduction des espèces marines, défense contre la mer des zones côtières aménagées, aquaculture, salinité, acidité, effluents terrestres, protection de nos côtes contre les navires poubelles et les risques de marée noire, enfin projet, à mes yeux essentiel, de création d’un corps européen de garde-côtes pour protéger nos zones littorales : toutes ces problématiques sont vitales si nous voulons que nos territoires maritimes et littoraux conservent durablement leur identité et leur potentiel stratégique.

Mes chers collègues, nous parlons ici de sujets dont l’importance est capitale pour notre pays. L’État doit mettre tous ces atouts de son côté et faire réellement de la mer une priorité. Cela passe notamment par la création du grand ministère de plein exercice de la mer et de la pêche que tous les acteurs et les professionnels des milieux littoraux et maritimes appellent de leurs voeux.

La mer n’est pas seulement le berceau de la vie ou le « miroir de nos rêves ». La mer, mes chers collègues, est l’avenir de la terre !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion