Intervenant en dernier dans ce débat, madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, il m’est possible de tirer quelques enseignements des interventions de mes collègues. Il en est au moins un : quand on dispose du deuxième potentiel maritime mondial – terme que je préfère à celui de puissance – on a vocation à parler au monde.
Il est naturel que nous évoquions la question du développement économique, mais nous aurions dû insister sur des points qui concernent l’ensemble de la planète, en particulier l’environnement. Je regrette à ce titre que nous n’ayons pas évoqué ce soir le sixième continent, ni la pollution de la Méditerranée due à l’absence de systèmes d’épuration dans un certain nombre de grandes villes du bassin méditerranéen, ni de l’Arctique, où l’ouverture de nouvelles voies maritimes représente un véritable danger sur lequel la France doit s’exprimer.
Enfin, nous devons garder à l’esprit que les pays ambitieux défendent leurs îles, y compris lorsqu’elles sont très petites, comme le montre la position de la Russie, de la Chine ou encore des USA.
La France dispose d’une zone économique exclusive de onze millions de kilomètres carrés, ce qui la place au deuxième rang mondial, pas loin des États-Unis. Nous devons cette position aux départements et territoires d’outre-mer, mais aussi aux Terres australes et antarctiques françaises, les TAAF.
Ces terres ne sont pas seulement le legs historique des navigateurs qui les ont découvertes et explorées ; elles sont aussi pour la France un atout économique et stratégique. Elles représentent 2,3 millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive et leurs eaux sont riches en ressources halieutiques et énergétiques. On suppose ainsi que le canal du Mozambique, où se trouvent les îles Éparses, contiendrait d’importants gisements d’hydrocarbures, de gaz notamment.
De plus, comme le reste des DOM-COM, les TAAF assurent à la France une présence dans l’hémisphère sud.
Conséquence logique, les missions de la marine dans ces territoires sont immenses : lutte contre les trafics et la pollution, police des pêches, déploiement à proximité des points chauds pour pouvoir intervenir rapidement, maintien d’une présence dissuasive, entre autres. Or la marine française n’échappe pas aux coupes budgétaires qui sont imposées à l’ensemble de nos forces armées et ses capacités ont chuté d’environ 30 % depuis 2000.