Intervention de Sophie Eyraud

Réunion du 16 décembre 2014 à 17h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Sophie Eyraud, coprésidente de l'Association nationale des centres d'interruption volontaire de grossesse, ANCIC, médecin généraliste :

L'ANCIC est une association de professionnels de santé s'occupant des interruptions de grossesse et de la contraception. Créée en 1979, peu de temps après la loi Veil, l'ANCIC regroupe des médecins, des sages-femmes, des infirmières, des secrétaires, des conseillères conjugales et familiales et des psychologues.

Nous sommes ravis que l'article 3 du projet de loi relatif à la santé lève les restrictions à la contraception d'urgence des élèves du second degré auprès de l'infirmière scolaire, à savoir notamment les cas de « détresse caractérisés ». En revanche, nous avons remarqué que par manque de formation, les infirmières – et notamment les infirmières scolaires – n'usaient pas du droit de prescrire une contraception. Pour cette raison, des jeunes se retrouvent en rupture de contraception. Il faudrait donc vraiment que les infirmières soient formées.

Ensuite, en matière d'IVG, le délai de réflexion part du moment où la femme en a fait la demande à un médecin. Or cela ralentit le parcours de soins. Nous estimons que la première demande pourrait être recueillie par n'importe quel professionnel travaillant dans un centre d'orthogénie. Le premier rendez-vous de consultation en vue d'une IVG pourrait même faire partir le délai de cette période de réflexion.

Enfin, il y a très longtemps que nous sommes favorables à ce que l'IVG médicamenteuse puisse être assurée par les sages-femmes. Cela permettra d'améliorer l'accès aux soins. Mais j'ai lu aussi que cela permettrait de réduire le nombre d'IVG (instrumentales) pratiquées dans les établissements de santé. Or l'objectif est tout de même que les femmes aient le choix de la méthode. Il n'est pas question de faire du tout médicamenteux, comme les tutelles semblent le souhaiter. L'IVG médicamenteuse ne convient pas à toutes les femmes. D'abord, celles qui sont dans le secret ou connaissent des conditions sociales difficiles ont absolument besoin d'aller à l'hôpital, dans un établissement de santé, pour rencontrer une assistante sociale et bénéficier d'un accompagnement. Ensuite, les IVG médicamenteuses ne sont possibles que jusqu'à sept semaines d'aménorrhée, c'est-à-dire cinq semaines de grossesse. Enfin, vivre une IVG médicamenteuse n'est pas toujours facile. Pourtant, des gynécologues obstétriciens ne souhaitant pas faire d'IVG instrumentales, certains services pratiquent des IVG médicamenteuses jusqu'à quatorze semaines, ce qui peut constituer une véritable maltraitance pour les femmes.

Nous pensons donc qu'il faut continuer à faire des IVG instrumentales et à former des généralistes à cette fin ; actuellement, les centres d'IVG fonctionnent essentiellement avec eux, car les gynécologues obstétriciens répugnent à pratiquer cette méthode. Nous pensons également qu'il faudrait permettre aux sages-femmes de pratiquer des IVG instrumentales, car elles sont tout à fait compétentes.

S'il n'y a plus de gens formés à l'IVG instrumentale (par aspiration), les femmes n'auront plus le choix. Aujourd'hui, nous rencontrons déjà des problèmes de recrutement. Mais ce n'est pas parce les jeunes ne veulent pas en faire, c'est parce que la vacation est très mal rémunérée.

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