La petite polémique qui avait précédé la parution du rapport avait pu nous inquiéter, mais la lecture du document montre qu'il s'agit d'un rapport équilibré. Vous soulignez, Monsieur le président, à la fois la responsabilité de la télévision publique s'agissant de l'information, de la qualité de l'expertise et du débat ainsi que du nombre d'heures consacrées à inciter à l'expertise, au débat et à la réflexion. Vous signalez aussi les bons rapports du groupe avec le monde de la création et la bonne couverture sportive – même s'il y a encore des problèmes concernant la diversité des pratiques couvertes. Vous exprimez des préoccupations tout à fait justifiées sur l'âge du public, sur l'émiettement de la commande publique, et sur l'absence de prise de risques.
Mais jusqu'où peut-on exiger l'excellence de la part de France Télévisions alors que ses moyens diminuent année après année ? Votre rapport relève d'ailleurs que selon les acteurs de la création, les difficultés proviennent souvent de l'instabilité financière de France Télévisions, et non pas d'une mauvaise volonté de la part des chaînes publiques. Il en va de même des effectifs ; le rapport pointe l'instabilité de la gouvernance, tout en insistant sur la nécessité de diminuer les effectifs. Si l'on prend l'exemple du sport, vous indiquez vous-même que nous n'aurons bientôt plus accès gratuitement à de grandes épreuves sportives, et notamment de grands matches, parce que la télévision publique ne pourra plus les acheter. Les achats de retransmissions sportives sont en baisse et les ligues, qui privilégient une rentrée d'argent plus importante au détriment de l'audience de leur propre sport, jouent un jeu dangereux. Comment trouver l'équilibre entre la baisse des moyens et des effectifs et la demande d'excellence et de qualité ?
En ce qui concerne l'actualité, deux éléments m'ont posé problème : la diffusion sur les antennes pendant de nombreuses heures de photographies de personnes non impliquées directement dans les prises d'otages et les attaques terroristes, notamment de l'une d'entre elles, qui a ensuite été retirée après être apparue très longuement, et la retransmission très rapide, après la fin des prises d'otages, de conversations téléphoniques alors que les forces de l'ordre étaient encore engagées et malgré les risques réels que cela pouvait entraîner pour les otages. Ces comportements liés à une course permanente à l'audience m'ont profondément heurtée. Partagez-vous ce sentiment ?