Je tiens à m'associer aux propos liminaires de M. Patrick Bloche et à dire, moi aussi, mon émotion suite aux événements tragiques qui ont touché la France. J'y suis d'autant plus sensible que je suis une ancienne journaliste et qu'en tant que membre du CSA je suis très attachée à la liberté d'expression.
Pour répondre aux questions relatives au périmètre du bouquet et à la nécessité que France 2 et France 3 trouvent une réelle identité au lieu de se concurrencer, il y a là un problème difficile car ce sont toutes deux des chaînes de service public qui tiennent à leur profil de généraliste même si France 3 est plus tournée vers les territoires. Il faut rappeler que France 3 représente 70 millions de recettes publicitaires du groupe et permet de couvrir 50 % de ses obligations en matière de création. Comme nous l'avons indiqué dans notre contribution aux réflexions de la mission confiée à Anne Brucy, compte tenu de la situation financière actuelle de France Télévisions, il nous est apparu difficile de faire évoluer radicalement le modèle de France 3 en créant par exemple plusieurs chaînes à vocation régionale. Cette option sera peut-être envisageable un jour si les perspectives financières s'améliorent.
Néanmoins, comment mieux différencier les deux chaînes pour éviter une concurrence stérile ? On peut peut-être orienter France 2 davantage vers l'actualité, la société, la politique, l'information alors que France 3 pourrait insister davantage sur les contenus patrimoniaux, culturels et sa vocation territoriale. Il est parfois difficile d'empêcher France 2 d'envahir France 3 et d'interdire à France 3 de faire du « France 2 ». Mais il existe certainement une marge de progrès pour mieux organiser la programmation et éviter que les deux chaînes ne diffusent le même soir des émissions historiques s'adressant au même public.
Nous partageons vos interrogations concernant la situation de France 4 et de France Ô. Nous sommes un peu perplexes devant la grille de France 4 qui s'adresse aux très jeunes téléspectateurs et aux jeunes adultes selon l'heure de diffusion et ne possède pas de réelle identité. L'audience n'est pas au rendez-vous et la prochaine équipe devra impérativement faire évoluer cette chaîne. Le CSA a proposé de la consacrer exclusivement aux très jeunes enfants. C'est une possibilité parmi d'autres et il faut y réfléchir.
France Ô peut avoir plusieurs évolutions. Elle pourrait demeurer la chaîne ultramarine ou évoluer, comme nous le proposons, pour devenir la chaîne de la diversité des populations, des cultures. Il faut y réfléchir mais aujourd'hui la chaîne est encore bancale et recueille encore moins d'audience que France 4. Si l'audience n'est pas le seul critère, il en faut néanmoins un minimum pour justifier un budget de 35 millions d'euros pour France Ô et de 45 millions d'euros pour France 4. Quant à la question de leur suppression, il ne revient pas au CSA de trancher mais aux élus et au Gouvernement.
Notre proposition de création d'un baromètre de la qualité vise à permettre à France Télévisions de mieux justifier du choix de ses programmes que nous souhaitons plus diversifiés, plus ouverts. Le 27 décembre, France Télévisions a diffusé une excellente émission intitulée « Prodiges », qui a réussi à concilier la qualité et une audience de 4 millions de téléspectateurs pour un programme de musique classique de très grande tenue. De nombreuses émissions proposées par France Télévisions réussissent à concilier audience et qualité. C'est la justification même de l'existence d'un service public. L'impératif de qualité est l'un des dix objectifs que nous fixons à France Télévisions pour la suite.
Il convient par ailleurs, comme le prévoit le cahier des charges de France Télévisions, de renforcer la place des questions européennes dans l'information. De manière plus générale, l'information à France Télévisions doit être centrée sur les grands sujets nobles : la politique, l'économie et évidemment l'Europe.
Je ne vais peut-être pas répondre sur l'AITV car la députée qui a posé la question est partie.