Intervention de Jean Launay

Réunion du 14 janvier 2015 à 16h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Launay, rapporteur :

Je remercie les intervenants pour ces questions, qui me donnent l'occasion d'aborder plus précisément le contenu du rapport que je ne l'ai fait dans ma présentation générale.

Si j'ai insisté sur la question de l'implantation de La Poste dans les territoires ruraux, mon rapport s'intéresse également aux villes, en particulier aux zones urbaines sensibles. Plusieurs phénomènes se combinent, en effet, dans ces zones : l'accélération de la métropolisation, la fragilisation des populations ou les nouveaux modes de présence du service public qui aboutissent à éloigner le public des services postaux.

Je tiens également à préciser mes propositions relatives aux maisons de services au public. Afin d'atteindre l'objectif d'un millier de structures d'ici 2017, je suggère d'inverser la logique actuelle pour s'adosser à un réseau existant en faisant des bureaux de poste le support des maisons de services au public. Il faudra alléger autant que possible le cahier des charges de ces nouvelles maisons mais surtout s'épargner toute phase préalable d'expérimentation pour être opérationnel, sans quoi l'objectif annoncé ne sera pas tenu.

Le facteur guichetier est une variante pour les bureaux les plus fragiles. Je ne méconnais pas non plus le succès des agences postales communales, là où elles ont été mises en place. Elles ont bien souvent permis d'enrayer le déclin de l'offre postale dans des territoires peu denses même si ces agences ne proposent pas la totalité des produits et services de La Poste. Il y a, à cet égard, une logique incontestable à privilégier la mutualisation lorsque des guichets postaux ne sont plus ouverts qu'une quinzaine d'heures par semaine. En adossant ces guichets aux maisons de services au public, il serait possible de proposer une alternative intéressante à leur transformation en agence postale communale.

J'ai entendu, dans vos remarques, la nécessité d'un effort de formation supplémentaire. Cela me paraît un prérequis avant d'engager le personnel de La Poste dans une démarche d'évolution de son métier et de professionnalisation vers de nouvelles tâches pour au-delà de la distribution du courrier assurer aussi de vraies fonctions d'accueil sur une gamme de services qui dépassera ce que l'on connaît déjà dans les maisons de services publics. Le développement récent des activités bancaires au sein du réseau postal constitue un bon exemple, mais il ne relève pas strictement des missions de service public de La Poste.

Dans les bureaux de poste ouverts 35 heures par semaine qui assurent aussi le service bancaire, la question ne se pose pas. En revanche, pour les autres, qui seront facile à identifier : ceux ouverts 24 heures par semaine, avec une soixantaine de visites par semaine, seront utilement confortés par d'autres missions compensant les pertes dans les réseaux primaires.

Le tissu humain des postiers constitue une force pour conduire ces évolutions. Je souligne d'ailleurs que les postiers sont des agents assermentés. C'est important au regard des nouvelles missions qui pourraient leur être confiées. J'ai conscience des difficultés sociales auxquelles l'entreprise est aujourd'hui confrontée, même si celles-ci n'entrent pas dans le champ de mon rapport. Il reste que la perspective de faire un autre métier au sein d'une même entreprise constitue un outil de revalorisation pour le personnel dans une période où celle-ci connaît une forte mutation économique.

En fait, les maisons de services publics que je préconise auraient un double rôle : celui d'un front office bien implanté dans les zones du territoire les plus distendues mais aussi, grâce aux outils de La Poste et la force du réseau des facteurs, celui de projeter une force au devant des personnes en assurant ainsi un rôle d'intermédiation sociale nécessaire et en apportant une réponse au besoin de proximité.

Je partage également le souci de notre collègue Christine Pires Beaune de flécher des moyens pour porter de 360 à 1 000 le réseau des maisons de services au public : l'abondement d'un fonds à hauteur de 34 millions d'euros a déjà été annoncé. Je suis toutefois convaincu qu'il est possible d'atteindre cet objectif, peut-être sans utiliser la totalité de cette somme, en s'adossant à un front office bien implanté comme le réseau postal. La Poste dispose, en effet, déjà des structures immobilières et humaines nécessaires.

Enfin, je réponds au président Carrez qu'il y a effectivement, sur l'ensemble du territoire, une demande pour ces nouveaux services susceptibles d'être exercés par le réseau des postiers. Ces prestations devront être rémunérées à leur juste valeur.

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