Intervention de Stéphane le Foll

Réunion du 23 octobre 2012 à 17h15
Commission des affaires économiques

Stéphane le Foll, ministre de l'Agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt :

J'ai milité auprès de mes homologues européens pour hisser le budget de la PAC à la hauteur des fonds de cohésion. Mon homologue allemande et moi-même avons signé un communiqué commun qui est toujours sur le site du ministère allemand de l'agriculture.

Pour ne pas être accusés par l'Europe de déguiser une aide publique en fonds de solidarité céréaliers-éleveurs, nous avons fait le choix de la contribution volontaire. Nous faisons tout pour convaincre les organismes stockeurs. Michel Barnier a échoué dans la même tentative. Ce fonds, qui ne peut être rendu obligatoire, doit devenir un des maillons de la chaîne qui relie les céréaliers aux éleveurs.

Le maintien des activités pastorales et agricoles, voire leur développement en moyenne et haute montagne, implique le maintien des aides spécifiques couplées du premier pilier – aides directes – et du second pilier – développement rural.

Je n'aime guère les anglicismes, monsieur Roig. Je préfère parler de « temps du repas », lequel est, à mes yeux, un véritable enjeu. Le risque n'est plus à l'uniformisation de l'alimentation, comme le laissait craindre il y a quelques années le développement des McDonald's : il réside aujourd'hui dans l'accélération du temps du repas. Dans les instances internationales, les fonctionnaires français sont réputés prendre leur temps pour manger : je les y encourage. Ils doivent donner l'exemple. La France doit porter l'idée du temps du repas, qui n'est pas sans conséquence sur l'agriculture. Le label rouge français, qui garantit une agriculture de qualité sans être toutefois vendu à l'étranger, permet de garantir notre mode de vie en la matière : savez-vous qu'il n'y a plus qu'en France qu'on mange du poulet rôti entier et non découpé ? Les Français prennent encore le temps, notamment le samedi ou le dimanche, de cuisiner un poulet et de le présenter entier sur la table. Je suis certain que tous, ici, vous me rejoindrez, au printemps, aux premières tables rondes rabelaisiennes !

La permaculture, qui est une agriculture de conservation des sols, sera évidemment au coeur de la rencontre du 18 décembre, car elle joue un rôle majeur dans le développement de la biodiversité. Une machine laboure jusqu'à quarante-cinq centimètres quand un lombric descend jusqu'à soixante-dix centimètres : laissons-le travailler, il ne demande que cela !

Je comprends le désespoir des éleveurs, qui doutent de l'avenir de leur profession. Je le répète : l'élevage est une priorité du Gouvernement. Les effets de transferts de l'élevage vers les céréales sont très rapides. Trop de prairies sont aujourd'hui retournées, d'autant que c'est un processus irréversible : on ne revient jamais à l'élevage lorsqu'on l'a quitté. C'est pourquoi je suis opposé au passage précipité à l'aide unique découplée, qui déstabiliserait l'élevage. Cette bataille doit être menée contre ceux qui veulent tout niveler, dans l'espoir que le marché décide des choix des agriculteurs. C'est une erreur conceptuelle à ne pas commettre.

Pour maintenir les installations en production, il convient de régler le problème environnemental, qui est transversal, notamment en Bretagne. Le parc bâtiment a effectivement vieilli, si bien qu'il consomme davantage d'énergie en raison d'une isolation déficiente, ce qui n'est pas sans conséquence sur la compétitivité des installations.

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