Nous sommes très critiques en ce qui concerne la généralisation à marche forcée du compteur Linky, alors que les expérimentations n'ont pas été menées à leur terme. Plutôt que d'un compteur intelligent, nous pensons qu'il s'agit d'un compteur « communiquant ». Tout l'enjeu dès lors est de savoir qui, des professionnels ou des consommateurs, doit être destinataire des informations communiquées. Dans l'esprit de la directive communautaire, cette avancée technologique devait permettre au consommateur de maîtriser sa consommation, voire de la faire baisser, grâce aux informations fournies en direct par le compteur. Or l'option retenue pour les compteurs Linky n'a pas été celle-là, et l'on a choisi de confier aux professionnels le soin de valoriser ces données. Certes, les consommateurs ont toujours la possibilité d'avoir accès en différé – via internet – à leurs statistiques de consommation, mais c'est faire fi de la fracture numérique qui demeure une réalité et ignorer que l'information a d'autant plus d'impact sur les pratiques des consommateurs qu'elle est délivrée en temps réel. Par ailleurs, en permettant ainsi aux professionnels d'utiliser les informations fournies par les compteurs Linky à des fins commerciales, en vue de proposer au consommateur des services censés l'aider à maîtriser sa consommation, on prive ce dernier de son droit à l'information. Pour dire les choses autrement : il lui faudra payer plus pour consommer moins.