Monsieur le Premier ministre, les tragiques attentats de ce début d’année et la mobilisation citoyenne qu’ils ont entraîné exigent que nous fassions vivre nos valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité.
Ces valeurs universelles sont la grandeur de la France, à un moment où les tensions se nourrissent du culte de la concurrence, de la compétitivité et de la guerre économique – préludes à la guerre tout court…
Dans ce contexte, un rapport de l’ONG Oxfam confirme ce que chacun ressent, à savoir l’aggravation sans précédent des inégalités. En 2016, les 1 % les plus riches de la planète posséderont le même patrimoine que les 99 % restants. Déjà, les 85 personnes les plus fortunées possèdent autant que les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres. Enfin, l’Organisation internationale du travail prédit 10 millions de chômeurs en plus dans le monde dans les cinq années à venir.
Ces inégalités indécentes ont leur source dans ce que le capitalisme financier a de plus destructeur : l’exploitation des femmes et des hommes et l’épuisement des ressources naturelles.
Ces inégalités croissent également en Europe sous l’effet des politiques récessives qui oublient les valeurs d’égalité et de fraternité. Elles entraînent la relégation de territoires entiers et le déclassement de nombre de nos concitoyens, trop jeunes, trop vieux ou victimes de discriminations.
Si nous voulons que le bonheur redevienne une idée neuve en Europe, nous devons, plutôt que de proposer à nos jeunes de devenir milliardaires en écrasant la majorité des autres, refonder le pacte républicain autour de ce qui nous rassemble et ce qui fait l’identité de la gauche, à savoir la solidarité et la justice sociale.
En effet, comme le disait Condorcet, « Il ne peut y avoir ni vraie liberté ni justice dans une société si l’égalité n’est pas réelle ».
Monsieur le Premier ministre, alors qu’aux États-Unis Barack Obama annonce des mesures majeures de justice fiscale destinées à collecter, en dix ans, 320 milliards de dollars auprès des plus hauts revenus et des établissements financiers, quelles initiatives comptez-vous prendre pour promouvoir une répartition plus juste des richesses dans notre pays et dans le monde ?