Aujourd’hui, 70 % des Français meurent à l’hôpital quand, au début des années soixante, 70 % mouraient à leur domicile. Pourtant, 80 % des médecins ne sont pas formés aux techniques de soins palliatifs. Neuf ans après son entrée en vigueur, la loi Léonetti continue d’être mal connue : la médecine l’ignore dans 90 % des cas et seuls 2,5 % des Français ont rédigé leurs directives anticipées.
La priorité des pouvoirs publics devrait donc être axée sur une meilleure formation et information des médecins.
François Hollande déclarait au mois de juillet 2012 : « Je souhaite donc, et j’en prends l’engagement, que nous développions la diversité et l’offre de soins palliatifs. Ce sera une réforme qui sera engagée dans les prochains mois. » Où en est la réforme promise ? Les engagements du Président sont comme d’habitude à géométrie variable.
La loi Léonetti souffre actuellement de quelques interprétations alarmantes que le rapport préconise malheureusement de graver dans le marbre.
L’exposé des motifs de cette loi de 2005, confirmé par une décision du Conseil d’État, introduisait déjà l’idée que l’alimentation et l’hydratation par voies artificielles devaient être considérées comme des traitements et non comme des soins.
Ce choix n’est pas anodin car les traitements, contrairement aux soins, peuvent être interrompus si le patient en a émis le souhait ou si le médecin l’a décidé après concertation collégiale.
Dans l’affaire Vincent Lambert, c’est ce point ambigu de la loi Léonetti qui a été exploité pour autoriser la mise à mort du patient tétraplégique. On ne peut moralement accepter que nourrir quelqu’un soit considéré comme une obstination médicale déraisonnable.
Jusqu’où ira demain cette logique infernale ? Une personne handicapée moteur incapable de se nourrir seule risque-t-elle de voir un jour considérer son assistance à l’alimentation comme de l’acharnement thérapeutique ?
Osons dire les choses : arrêter l’hydratation et l’alimentation entraîne une agonie de plusieurs jours, totalement inhumaine. Il ne s’agit ni plus ni moins que de laisser mourir ces personnes de faim et de soif.
Ces affaires médiatiques conduisent aujourd’hui à ouvrir de nouveaux débats, avec à l’horizon, la sombre perspective de l’euthanasie.