Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Quelle est votre analyse sur la dégradation de la situation en Libye, qui a des conséquences très graves sur la Tunisie ?

Qu'en est-il s'agissant de la situation face à l'État islamique ?

Comme je vous l'avais déjà signalé il y a presqu'un an, la politique de la France ne me paraît pas tout à fait cohérente à l'égard de la Syrie et de l'État islamique. On peut comprendre la colère à l'égard de ce qu'a fait Assad et de la monstruosité de ce qui se passe sur place. Mais peut-on lutter face à ces deux ennemis en même temps et poursuivre votre politique tout en affirmant que nous combattons de toute force Daech ? Ne faut-il pas acter l'existence de la Syrie ? Les dictateurs passent, mais les États restent. La leçon de la Libye est qu'en voulant s'attaquer à un dictateur monstrueux, on a détruit un État, ce que l'on paie très cher aujourd'hui. N'y a-t-il pas un danger de se situer en Syrie dans une espèce d'entre-deux nous privant d'informations considérables, notamment des services secrets ? Il est un peu facile de dire que si nous avions pu nous débarrasser d'Assad, il n'y aurait pas d'État islamique, dans la mesure où les armes qui ont pu être livrées par les uns ou les autres ont atterri dans les mains de cette organisation, l'opposition modérée syrienne s'étant fait laminer. Un discours de vérité dans cette région aiderait peut-être à la compréhension de notre politique étrangère.

Enfin, comment imaginer que, face à cette déstabilisation complète de tout l'arc méditerranéen et moyen-oriental, nous puissions décemment imaginer réduire annuellement nos forces armées de 5000 à 7000 hommes ? C'est une pure folie et je ne peux imaginer que la représentation nationale n'arrête pas cette politique qui met en danger notre sécurité à moyen terme.