Ce que vous dites est vrai, monsieur le ministre, mais nous sommes confrontés à des questions de seuil et de masse. Le financement participatif ne représente en France que des montants très limités par rapport à la masse des encours de prêts et de financements qui interagissent au sein de la société.
Il en a été de même s'agissant de l'hôtellerie et des maisons d'hôtes : le jour où un nouveau modèle économique devient massif, l'ancien monde, si je puis dire, se réveille et souligne que l'État a poussé à cette émergence tout en le contraignant, lui, en termes de régulation de l'épargne, de prêts ou d'intermédiation financière. L'État est alors obligé de faire marche arrière et d'endiguer la rupture économique, l'ancien monde étant mieux représenté dans les institutions que celui qui émerge.
Ce serait l'honneur des politiques, qu'ils relèvent du pouvoir exécutif ou du pouvoir législatif, d'anticiper les évolutions en engageant une réflexion de fond systémique – vous avez employé le mot à raison, monsieur le ministre –, qui porterait notamment sur la nature de la protection du consommateur : celle-ci n'engendre-t-elle pas des surprotections qui, à terme, provoquent des blocages et freinent la croissance que les ruptures pourraient créer ?