Intervention de Philippe Folliot

Réunion du 15 janvier 2015 à 10h00
Commission d'enquête sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Folliot :

Mes questions porteront à la fois sur les moyens, la formation et le cadre.

Pour ce qui est des moyens, vous avez évoqué les difficultés liées aux véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG). Je me rappelle qu'il y a une quinzaine d'années, on envisageait déjà de les remplacer par des véhicules de l'avant blindé de maintien de l'ordre (VABMO), ce qui n'a finalement pas été fait. Les VBRG ont donc désormais cinquante ans d'âge en moyenne, ce qui n'est pas sans poser certaines difficultés face à l'évolution du comportement des manifestants ; par ailleurs, on ne compte plus que 120 unités environ de ces blindés – dont le taux de disponibilité, estimé à 50 % il y a quelques années, ne s'est sans doute pas amélioré.

En ce qui concerne la formation, Saint-Astier est une référence au niveau européen, mais aussi international. J'étais il y a quelques semaines au Qatar, où l'on m'a beaucoup parlé des relations et de la transmission de savoir-faire entre les gendarmeries française et qatarie. Estimez-vous que la formation dispensée à Saint-Astier relève toujours autant de l'excellence, ou que des modifications apportées à cette formation pourraient en élever le niveau ?

Je veux également évoquer la pluralité des forces intervenant dans le domaine du maintien de l'ordre. Historiquement, ces forces sont de deux ordres : civil d'un côté – la police –, militaire de l'autre – la gendarmerie –, ce qui est une spécificité latine. En effet, dans les pays anglo-saxons, le maintien de l'ordre est assuré par une force nationale d'une part, et des forces locales d'autre part, mais toutes de nature civile. Pensez-vous que l'engagement sur le terrain des CRS et des gendarmes mobiles se situe au même niveau en termes d'intensité : en d'autres termes, des choix sont-ils effectués pour recourir plutôt aux uns qu'aux autres en fonction de l'intensité des manifestations ou de la période où elles ont lieu ? On sait aussi que les conditions de logement lors d'un déploiement ne sont pas les mêmes pour les gendarmes que pour les policiers : y voyez-vous un problème ?

Enfin, à la suite des tragiques événements survenus la semaine dernière, le Président de la République et le Gouvernement ont lancé une opération intérieure (OPINT) mobilisant 10 000 hommes dans le cadre du plan Vigipirate renforcé. Certes, il s'agit de prévention et non d'une véritable opération de maintien de l'ordre, mais ne risque-t-on pas de voir nos forces armées être amenées à intervenir toujours davantage en matière de maintien de l'ordre, ce qui serait susceptible de remettre en cause sur le plan doctrinal la spécificité de la mission de nos forces armées, qui fait partie des fondements mêmes de notre République ?

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