C'est un chantier immense et un grand débat de société que nous avons ouvert sur la question de la fin de vie. Un article de presse révèle que 150 000 personnes sur 550 000 sont décédées dans des conditions difficiles. Légaliser l'euthanasie et le suicide assisté ne résoudrait pas cette situation, qui est due à une offre insuffisante et inégale des soins palliatifs sur notre territoire, en d'autres termes à l'incapacité de notre société à accompagner les personnes en fin de vie.
La responsabilité du politique est de privilégier avant tout une approche palliative qui valorise le malade. En proposant de légaliser l'euthanasie et le suicide médicalement assisté, vous levez un interdit et ouvrez la voie à de plus en plus de transgressions. Il suffit d'observer l'escalade qu'ont connue la Belgique et les Pays-Bas pour s'en convaincre. Souhaitant créer un droit à la fin de vie, vous vous aventurez sur une pente glissante menant à la reconnaissance d'un droit à la mort. Au lieu de légaliser l'euthanasie, mieux vaudrait, au contraire, augmenter l'offre de soins palliatifs sur le territoire et accompagner les mourants dans la dignité. Le médecin doit respecter le malade et le législateur doit garantir l'interdit, fondateur de toute société, du droit à la mort. Ces limites sont inhérentes à notre humanité, humble et fragile au soir de la vie, mais jamais dépouillée de sa dignité intrinsèque.
Il n'y a pas lieu d'adopter aujourd'hui le texte qui nous est proposé mais bien de nous en remettre à l'important travail qu'ont mené nos collègues Alain Claeys et Jean Leonetti. Une loi est déjà en vigueur et un autre texte va être proposé : il doit pouvoir nous réunir autour d'une solution qui permette de respecter la volonté de la personne en fin de vie.