Il est très difficile de s'exprimer en deux minutes sur un sujet aussi complexe. Vous excuserez donc la teneur d'un propos qui aurait pu être plus nuancé.
Je me suis, pour ma part, arrêté sur les trois mots, figurant à l'article 1er, de « suicide médicalement assisté ». Selon moi, le suicide relève d'une décision individuelle, qu'il soit assisté ou pas. Il est vécu comme un constat d'échec, tant par la société que par les familles concernées. Pourquoi en serait-il autrement lorsqu'il s'agit d'une personne en fin de vie ou requérant une assistance ? Le deuxième terme, « médicalement », me rappelle que le médecin est là pour soigner, guérir et soulager, et non pas pour donner la mort. Quant au troisième terme, « assisté », c'est le plus important. L'euthanasie est aussi pratiquée aux États-Unis, notamment dans l'état d'Oregon, mais le suicide n'y est pas assisté : la personne concernée doit se procurer elle-même le sédatif nécessaire. On s'est aperçu que, dans ces conditions, 50 % des personnes n'allaient pas jusqu'au bout de l'acte. L'assistance au suicide soulève donc la question du libre-arbitre – si la personne va jusqu'au bout, sera-ce par sa volonté ? Ces trois termes sont autant de raisons pour moi de voter contre ce texte.
La proposition de loi ouvre grand la porte au suicide médicalement assisté en cas de souffrance psychique. Et demain, qui d'autre encore pourra accéder à cette méthode ? Nous nous devons, dans nos sociétés, de respecter la vie. L'évolution d'une civilisation se mesure aussi à la façon dont elle aborde la question de la fin de vie.