Intervention de Bernadette Laclais

Réunion du 21 janvier 2015 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernadette Laclais :

Nous sommes tous conscients de débattre d'un enjeu particulier aux dimensions complexes, souvent douloureuses, parfois confuses. Un enjeu qui commande de se départir de postures simplistes ou dogmatiques et qui impose d'écouter toutes les positions, même celles que l'on ne partage pas. Les différents groupes politiques l'ont d'ailleurs compris depuis longtemps, et je me souviens que les débats d'avril 2013 s'étaient déroulés dans un climat serein. Je suis donc persuadée que ceux d'aujourd'hui comme ceux de demain se dérouleront, eux aussi, dans cet état d'esprit, conformément aux attentes des Français.

Peu de sujets comportent deux aspects aussi distincts. D'un côté, il y a le droit de l'individu de garder la maîtrise de son destin et de voir ses souhaits respectés au mieux. À cet égard, je salue les avancées du rapport Claeys-Leonetti qui place le patient au coeur de la réflexion, prévoit l'amélioration des directives anticipées et la reconnaissance du droit pour le patient de refuser tout traitement, et affirme le rôle de la personne de confiance. De l'autre côté, il y a le devoir de la société de garantir la protection des plus vulnérables et de prévenir les excès. Or, en la matière, la frontière entre certitude et questionnement se révèle souvent fort fragile.

Il existe dans notre pays un insupportable décalage entre la législation et la réalité. Alors que les textes ont permis une avancée indiscutable, la réalité nous confronte parfois à des cas difficiles auxquels ceux-ci ne permettent pas de répondre. Qui plus est, ils sont méconnus, voire mal appliqués. Chacun sait qu'il nous faut franchir une nouvelle étape. La proposition de loi que vont nous présenter nos collègues Claeys et Leonetti s'inscrit dans cette logique. De surcroît, elle a le mérite de contenir plusieurs propositions qui font consensus – une règle qu'il faut observer pour ne pas diviser nos compatriotes sur ces sujets.

Je souhaite que le débat contribue à nous éclairer sur l'image que notre société véhicule de la mort, le plus souvent en la fuyant et en la cachant, afin que nous acceptions de la voir de façon plus apaisée, comme un aboutissement naturel. Alors nous serons en mesure de garantir à nos compatriotes qu'ils seront, dans ces instants, aidés, respectés dans leur choix d'adultes, accompagnés et aimés. Alors notre société sera en mesure de franchir un nouveau pas.

Je souhaite également que les débats à venir nous permettent d'aborder l'accompagnement en fin de vie en service de néonatalogie et la place des parents, mais aussi les soins palliatifs et la formation des médecins. C'est pourquoi j'inclinerai personnellement à ce que nous poursuivions notre réflexion en examinant la proposition de loi déposée par Alain Claeys et Jean Leonetti, ce qui m'amènera à voter contre le texte qui nous est présenté ce matin.

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