Ce n’est pas « la loi du siècle », a prévenu le Président de la République, ramenant ainsi de manière abrupte le débat à son niveau exact en dissipant lui-même l’écran de fumée. Car il y avait, c’est vrai, une tromperie intellectuelle. On nous a présenté cette loi comme un grand « déverrouillage » de l’économie française. En réalité, ce texte en pointillé ne sera nullement décisif pour la France.
Soyons justes cependant : c’est une brèche dans le mur de la « gauche passéiste » avec laquelle Manuel Valls proposait d’« en finir ». Ces mots ne sont pas dénués de sens à en juger par les attaques dont ce projet a été la cible au sein de votre majorité : « Régression », « grand bond en arrière », « déconstruction du droit social », « remise en cause de tous les combats historiques de la gauche » ; vos amis n’abusent pas de la nuance…
Qu’un dépoussiérage idéologique soit entrepris au sein de votre famille, je suis prêt à en convenir, mais accordez-nous de penser que ces débats domestiques sont secondaires face aux défis que notre pays doit relever. Voilà cinq mois, j’ai recommandé au Président de la République d’établir, en lien avec l’opposition, un agenda national ciblé sur quatre ou cinq réformes radicales et immédiates. Les intérêts de la France peuvent bien transcender ceux des partis, mais cet appel fut laissé sans réponse… Alors je le renouvelle ici, en proposant à notre assemblée et au Gouvernement de muscler ce projet de loi pour en faire un véritable déclencheur de croissance.
Je vous propose, monsieur le ministre, d’aller au bout de vos convictions intimes. « Pas un Français », avez-vous dit, « ne pense que la France peut continuer comme elle le fait depuis vingt ans ! ». Vous avez mille fois raison, alors passons aux actes !
Nous devons mobiliser la force de travail de la nation. Pour cela, levons enfin le verrou des 35 heures : elles sont un handicap pour notre productivité et un frein pour les salariés qui veulent améliorer leur situation.