Monsieur le président, madame la garde des sceaux, monsieur le ministre, chers collègues, en fin de compte, c’est notre capacité à mobiliser notre conviction pour conduire l’évolution nécessaire au pays qui est en question. C’est notre volonté de le faire qui est à l’épreuve et que nos concitoyens observent. En écoutant nos collègues rapporteurs, il est assez évident de constater l’ampleur des chantiers à conduire. Je ne reprendrai pas l’énumération des mesures prises, envisagées, des progrès à accomplir, des verrous à lever, cette simple énumération démontrerait, d’ailleurs, à l’envi, l’importance du texte et l’attente de nos concitoyens. Ils souhaitent savoir si nous sommes capables de mettre en mouvement le pays, si, au-delà des toute-puissances supposées au moment des campagnes électorales qui se fracassent sur l’impuissance révélée ou lorsque l’on est mis face à son bilan, nous sommes capables de briser ce cercle vicieux.
Ils veulent que nous montrions notre capacité à gravir une colline plutôt que de nous perdre en incantations sur les grandes montagnes que nous voudrions escalader demain si seulement d’autres conditions pouvaient nous en rendre à nouveau capables. Ce sont ces éléments de preuve, d’efficacité, de capacité à agir qui sont attendus. Chacun sait qu’il faut le faire, qu’il faut oser pour pouvoir conjuguer les opportunités économiques et le progrès social, la simplification et l’efficacité du droit, mais encore une fois, monsieur Fillon, monsieur le premier ministre, tant d’années d’incantations sans action ont fini par lasser et interroger. Nous avons là l’occasion, par le débat qui s’annonce, de montrer que nous avons compris la leçon et que nous sommes sur la bonne voie.
Refuser un débat en acceptant une motion de rejet préalable, un débat déjà bien construit par la commission spéciale dont la qualité des travaux a été soulignée, serait mettre la poussière sous le tapis, retomber dans l’incantation de ce qu’il aurait fallu, de ce qu’il faudrait, sans être capable de faire les petites choses utiles. Je reprends bien volontiers à mon compte la formule de Martin Schulz qui affirme que 1 % de quelque chose est toujours mieux que 100 % de rien. Montrons notre capacité à nous mettre en mouvement. Nos concitoyens ne nous pardonneraient pas une proclamation d’immobilisme et d’impuissance et ils auraient raison.
En rejetant votre motion, ouvrons résolument ce débat utile au pays.