D'après mes observations, le rattachement de la gendarmerie au ministère de l'Intérieur a fait évoluer les esprits. En 2005, ma position était la même qu'aujourd'hui concernant l'introduction du syndicalisme dans la gendarmerie, mais mon pronostic aurait été nuancé : les gendarmes, ou à tout le moins un courant parmi eux, pouvaient penser, à l'époque, que l'herbe était plus verte ailleurs et que le syndicalisme, qui a réussi à la police, leur réussirait aussi. Ce courant est sans doute beaucoup plus minoritaire aujourd'hui. La gendarmerie a retrouvé son essence militaire et je m'en réjouis. Paradoxalement, le détachement du ministère de la Défense a permis aux gendarmes de mieux mesurer la différence qui les séparait des policiers, et les a soustraits à la rivalité budgétaire qui pouvait les opposer aux armées, notamment l'armée de terre. La participation aux opérations extérieures a également joué un rôle.
En tant que citoyen, je n'oublie pas que la gendarmerie est une force militaire. Le législateur en a décidé depuis des décennies. Ses missions ne se réduisent pas à l'ancienne prévôté, elles comprennent les opérations extérieures. Pour avoir rencontré l'escadron de Chauny, je sais que c'est un aspect important, qui l'est plus encore dans la crise terroriste que traverse notre pays. Et je crois au rôle de la gendarmerie dans la défense opérationnelle du territoire, pour reprendre un concept qui remonte à l'ordonnance de 1959 mais qui est loin d'être désuet. Les moyens militaires de la gendarmerie peuvent être nécessaires sur le territoire national. D'où la nécessité de maintenir un statut unique. Évitons d'enfoncer un coin dans la cohésion de nos forces armées.
Quant aux associations de retraités, nous ne sous-estimons pas, mesdames et messieurs les députés, leur importance dans la promotion du patriotisme et de l'esprit de défense.