Je vous rassure: au Togo, la France n'est pas oubliée. J'en veux pour preuve les éléments que j'ai déjà rappelés sur la présence du groupe Bolloré dans le port de Lomé et l'origine française des deux patrouilleurs commandés par les forces armées togolaises.
Certes, nous avons d'autres partenaires. La Chine s'impose de plus en plus, non seulement au Togo, mais un peu partout sur le continent africain.
Je vais vous raconter une anecdote. Il y a six ans, lors de la saison pluvieuse, deux ponts ont été détruits par les inondations dans le Nord du Togo. À l'époque, j'étais conseiller diplomatique du Président de la République, qui m'avait demandé de discuter avec l'ambassadeur européen afin de savoir si nous pouvions bénéficier de l'aide de l'Union européenne pour la reconstruction. « C'est possible », a répondu l'ambassadeur, « mais je dois envoyer la note à Bruxelles, cela prendra trois mois », et, tout compte fait, il fallait une année pour mobiliser les fonds le cas échéant. Le Président m'a alors invité à me tourner vers l'ambassadeur chinois. Contacté, celui-ci a demandé à visiter le site, puis a fait venir cinq ingénieurs chinois deux semaines plus tard, et, deux mois après, le pont était reconstruit. Ce sont les réalités du terrain !
Lorsque nous travaillons avec la France, et avec les pays européens en général, la qualité du produit est assurée. Mais les hommes politiques africains ont besoin de résultats pour leur population. Les événements dont je vous parle se sont déroulés avant les élections de 2010 à Lomé ; le pays était coupé, il fallait rétablir le pont pour permettre à la population de circuler et lui montrer le travail accompli pour elle. Si nous avions attendu l'Europe, nous n'aurions pas pu le faire avant les élections; avec la Chine, c'est devenu possible, même si les ponts n'ont pas la qualité attendue ou requise par les normes européennes.
Nous pensons que nous devons continuer de travailler avec la France, encourager l'investissement français sur le territoire togolais, mais nous voulons aussi travailler avec d'autres partenaires qui sont prêts à nous aider. Nous espérons que vous sensibiliserez votre gouvernement à la nécessité de continuer d'investir sur le continent africain, continent du futur qui aura beaucoup à apporter à l'humanité demain.