Intervention de Damien Carême

Réunion du 21 novembre 2012 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Damien Carême, maire de Grande-Synthe :

Beaucoup de questions dépassent l'échelon communal, mais, étant également président de la commission « Aménagement du territoire, tourisme, environnement, plan climat » de la région Nord-Pas de Calais, je pourrai peut-être apporter quelques réponses.

Je pense en effet, madame Geneviève Gaillard, qu'il faut être convaincu pour défendre la biodiversité en tant qu'élu. Pour côtoyer de nombreux élus dans le cadre de la révision du SCOT Flandre Dunkerque, je peux attester des difficultés rencontrées pour intégrer la préservation de la biodiversité et la lutte contre la périurbanisation dans les documents directifs.

Il existe dans chaque région un schéma régional d'aménagement et de développement durable du territoire (SRADDT). Dans le Nord-Pas de Calais, celui-ci s'articule autour de deux directives régionales d'aménagement, « Lutte contre la périurbanisation » et « Trame verte et bleue ». Ces documents devraient devenir opposables à d'autres documents d'urbanisme. Car, comme l'a souligné M. Martial Saddier, les petits villages veulent continuer à construire des logements non seulement pour s'assurer des recettes fiscales, mais aussi pour attirer les commerces ou pour repeupler leurs écoles – ce qui a pour effet, parfois, de dépeupler les écoles des villes voisines. Certains enjeux, on le voit, dépassent l'intérêt strictement local. Il me semble pertinent de se placer à l'échelle régionale pour les aborder.

De ce point de vue, le législateur aura une responsabilité très importante dans les prochains mois. Pour l'instant, la stratégie nationale pour la biodiversité reste au niveau des intentions : elle prévoit d'apporter des aides, de soutenir des démarches... Il est urgent de passer aux actes. Les synthèses actuelles sont très alarmantes. La Banque mondiale elle-même a estimé récemment qu'une hausse de la température moyenne de 4 °C serait un « cataclysme ». Le temps est venu de taper du poing sur la table et de faire usage de coercition.

Il est clair que nous arrivons au bout du modèle de développement suivi depuis un siècle. L'élu local que je suis essaie d'en convaincre ses collègues. Il faut se tourner vers d'autres modèles et revenir à des économies circulaires : les cantines biologiques dont je vous ai parlé en sont un exemple. L'étiquetage environnemental, pour lequel le législateur joue un rôle important, doit également contribuer à sensibiliser les populations. Du reste, il n'y a pas que les produits biologiques : un produit étiqueté biologique mais qui vient du bout du monde ou d'un pays ne respectant pas les normes n'a aucun intérêt.

M. Patrick Lebreton estime qu'il est difficile de faire coexister biodiversité et réalité socioéconomique. Cette formulation me gêne un peu car l'une ne peut aller sans l'autre. Sans biodiversité il n'y a plus de vie, donc plus de problèmes socioéconomiques du tout ! La protection de la biodiversité est un postulat indispensable à l'action locale. Si les élus n'en sont pas persuadés, ils n'arriveront jamais à convaincre les populations qu'il faut aller dans ce sens.

Quant à l'agence nationale de la biodiversité, s'agira-t-il d'une nouvelle instance d'aide et d'accompagnement ? Pour ma part, je préférerais que l'on soit dans la réalisation, dans le pragmatisme et dans la mise en oeuvre plus que dans l'intention. Si l'outil ne permet pas une action immédiate, nous aurons encore perdu du temps et des moyens.

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