J'irai en grande partie dans le sens de ce qui vient d'être dit. Le drame est que l'Europe n'est considérée que comme une somme de contraintes pesant sur les citoyens – la communication sur les questions européennes ne dit que cela –, et non comme une fantastique ambition de paix et de garantie des libertés fondamentales. Les tragiques événements de la semaine dernière pourraient faire renaître l'espoir d'une prise de conscience de ce qu'ont toujours été les fondamentaux européens et du fait qu'en la matière, le cheminement n'a pas du tout abouti.
Un exemple : l'Europe policière et judiciaire, dont nous avons plus que jamais besoin. Peut-être est-ce par ce biais que l'on pourra faire à nouveau comprendre la nécessité de l'Europe.
Je suis par ailleurs un peu surprise que les institutions qui fonctionnent plutôt bien au niveau européen, à savoir le Conseil de l'Europe et en particulier la Cour européenne des droits de l'homme, soient aussi absentes de nos débats. Nous ne devrions pas oublier l'Europe du Conseil de l'Europe, cet instrument construit pas à pas de façon absolument remarquable et que plus personne ne considère plus comme un gadget, même lorsqu'il n'émet que des recommandations, sans parler de ses avancées essentielles en matière de droits et de libertés fondamentales. Pourquoi dissimule-t-on à ce point le rôle extraordinaire de la Cour européenne des droits de l'homme ?