Intervention de Xavier Breton

Séance en hémicycle du 29 janvier 2015 à 15h00
Respect du choix de fin de vie pour les patients — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaXavier Breton :

… mais si l’on prend la peine de les interroger plus avant, ils préfèrent largement les soins palliatifs qui atténuent la souffrance à la mort donnée. Dans les faits, la demande d’euthanasie est très souvent un message pour dire non à la souffrance ou à l’abandon. La grande majorité des demandes disparaît d’ailleurs après la prise en charge des patients. Celles qui persistent en unité de soins palliatifs sont très exceptionnelles : elles ne représentent que 0,3 % des patients. Je fais ici notamment référence à une étude scientifique parue dans la revue internationale BMC Palliative Care. Cette étude a été réalisée à Paris, à la Maison Jeanne Garnier, qui dispose de quatre-vingt-un lits de soins palliatifs. Il apparaît que sur 2 157 patients pris en charge, cinquante-cinq ont demandé une seule fois l’euthanasie, leur demande cessant par la suite, de même pour quatre autres personnes qui l’ont réitérée. Seules deux personnes ont formulé une demande persistante jusqu’à leur décès.

On le voit clairement : non, l’urgence n’est absolument pas de focaliser le débat sur une demande d’euthanasie largement minoritaire. L’urgence absolue, la priorité numéro un, réside dans le développement des soins palliatifs et dans la promotion d’une véritable culture palliative. Nous ne pouvons tolérer plus longtemps le scandale que constitue l’abandon où sont laissées l’immense majorité des personnes en fin de vie.

Ma seconde interrogation porte sur les enseignements que nous pourrions tirer des expériences de pays voisins qui ont légalisé l’euthanasie ou le suicide assisté, et dans lesquels on observe aujourd’hui de dangereuses dérives. Certes, le texte prétend encadrer ces processus afin d’empêcher toute dérive… Mais la Belgique avait annoncé les mêmes intentions lors du vote de la loi de 2002, et cela n’a pas empêché les graves dérives que nous avons constatées. Ainsi, en février 2014, elle est devenue le seul pays au monde à autoriser l’euthanasie active sans limite d’âge, y compris donc sur les mineurs, faisant ainsi tomber l’un des garde-fous de la loi de 2002 !

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