Intervention de Michel Liebgott

Séance en hémicycle du 29 janvier 2015 à 15h00
Respect du choix de fin de vie pour les patients — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Liebgott :

C’est une question d’équité pour l’ensemble de la population française : nous savons en effet que les moyens financiers sont limités.

Peut-on raisonnablement, à ce jour, se prémunir de toute dérive du suicide assisté ? La proposition de loi examinée comporte-t-elle des garanties suffisantes ? Il y a beaucoup de suicides parmi les personnes âgées : près de 3 000 cas par an, soit un tiers des suicidés. Dans ce contexte, comment garantir que la liberté absolue de mourir ne couvre pas une indifférence absolue et inique devant la désespérance des aînés, des plus vulnérables ? Nous voyons tous les jours des exemples de ce type dans nos circonscriptions et dans nos EHPAD.

La proposition de loi du groupe écologiste ne va-t-elle pas trop loin, ou trop vite ?

À ce stade, les propositions sont incomplètes. Il est cependant déjà possible de trouver des points de consensus, et c’est là le plus important : premièrement, replacer le patient au coeur de la décision, en lui assurant qu’il ne sera pas dépendant de la souffrance, ni à l’égard du corps médical ; deuxièmement, réviser le statut des directives anticipées pour qu’elles soient plus largement diffusées et mieux préparées. Pour l’instant, ces directives anticipées sont très minoritaires. C’est incontestablement un progrès, qui prouve qu’il ne peut y avoir d’idées arrêtées et définitives sur le sujet. La position évolutive d’un certain nombre de personnes, dont M. Leonetti lui-même, en témoigne.

Nous pourrons tous faire évoluer notre position, la faire maturer, pendant le temps que nous donnera le renvoi de ce texte en commission, dans l’attente de l’examen de la proposition de loi d’Alain Claeys. Je suis, comme vous tous, convaincu que mon opinion peut encore évoluer, que ce soit individuellement ou dans le cadre de mon groupe politique, qui débattra comme les autres de cette question.

Derrière le masque de la comédie humaine qui se joue parfois dans cette enceinte, demeure lancinante la question humaine, profondément humaine. N’ayons pas crainte de raturer sans cesse la loi, si nous concourons toujours à plus d’humanité, à plus d’éthique. « Ratures fécondes », écrivait Victor Hugo.

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