Je remercie MM. Marcel Bonnot et François Vannson pour les initiatives qu'ils ont prises ces dernières années afin d'inciter les pouvoirs publics à agir face à ce problème de santé publique. La borréliose de Lyme, maladie très fréquente en Europe occidentale et en Amérique du Nord, ne cesse de progresser. Avec 30 000 à 40 000 nouveaux cas chaque année, la France n'échappe pas à cette zoonose, l'est du pays étant particulièrement touché, et notamment les régions Rhône-Alpes, Champagne, mais aussi dans l'Auvergne et le Centre. L'évolution climatique et la reforestation expliquent sans doute ce phénomène.
Bien que nous soyons nombreux au sein du groupe à n'avoir pas signé cette proposition de loi, nous soutenons la démarche de leurs auteurs. En effet, même s'il ne revient pas au législateur de voter une loi sur chaque maladie – ces problématiques relèvent du pouvoir exécutif et du pouvoir réglementaire –, nos collègues ont eu raison de déposer cette proposition de loi face à l'inaction du Gouvernement ! J'ai moi-même eu recours dans un passé récent à la procédure de la résolution afin de faire reconnaître les effets de la consommation du cannabis sur la santé mentale.
La maladie de Lyme présente des spécificités que les pouvoirs publics doivent prendre en compte pour faire face à l'évolution des pathologies associées. En effet, les connaissances sur cette maladie sont pour le moins insuffisantes. La communauté scientifique elle-même attend que le réservoir – où prospère le spirochète à l'origine de la maladie – soit mieux connu. De la même façon, une meilleure connaissance est nécessaire sur les multiples agents bactériologiques ou viraux qui sont probablement transmis en même temps que la bactérie à l'origine de la maladie de Lyme. Tous ces travaux de recherche sont indispensables, d'autant que, comme l'ont montré les chercheurs au cours des dernières décennies, le contact avec un agent infectieux peut avoir des conséquences immédiates, secondaires, voire lointaines – et même des incidences psychologiques et psychiatriques ! La recherche clinique est également tout à fait indispensable. Il revient aux pouvoirs publics de faire en sorte que les tests sérologiques et diagnostiques, dont la fiabilité est actuellement insuffisante, soient améliorés.
Par ailleurs, il est urgent que les pouvoirs publics agissent en matière de prévention, mais aussi d'information des populations et de la communauté médicale, comme l'a d'ailleurs souligné le HCSP. Les recommandations issues de la conférence de consensus ne sont pas admises par tous, car l'imprécision du tableau clinique et l'incertitude du diagnostic conduisent à des réponses thérapeutiques variables. Or cette maladie peut avoir des complications durables et invalidantes, et les réactions aux différents traitements antibiotiques, uniques ou répétés, sont elles aussi très diverses. Dans ce contexte, il est normal que les malades et leurs familles se tournent vers les médecines parallèles, voire que l'on assiste à des réactions irrationnelles.
J'ajoute que cette situation engendre des conflits entre la communauté scientifique, la communauté médicale et certains malades. Le professeur Perronne, qui fait autorité en la matière, appelle lui aussi de ses voeux des décisions fortes du Gouvernement. L'oratrice précédente prétend que tout est en ordre ; or le futur projet de loi de santé ne comprend aucune disposition sur la maladie de Lyme ! C'est la raison pour laquelle il est impérieux d'adopter à l'unanimité cette proposition de loi qui prévoit la prise en charge de cette maladie !