Intervention de Virginie Duby-Muller
Réunion du 28 janvier 2015 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation
Virginie Duby-Muller :Madame la ministre, je vous remercie d'être venue présenter à notre commission les mesures que vous avez dévoilées le 22 janvier, dans le cadre de la Grande mobilisation de l'école pour les valeurs de la République, même si je regrette le contexte tragique dans lequel sont intervenues ces annonces. Si certains jeunes ont contesté la minute de silence, la majorité d'entre eux s'est sentie concernée par elle et a participé au grand rassemblement. Ce fut le cas à Annemasse, dans ma circonscription.
Sans esprit de polémique, je veux faire part de mon scepticisme sur certains points de votre analyse. Le rôle de l'école est-il vraiment de défendre des valeurs ? Sa mission première n'est-elle pas plutôt l'apprentissage des savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter et raisonner ? En 2012, une enquête ministérielle a conclu que 21 % des collégiens étaient incapables de donner sens à une information ou d'exploiter des textes, même simples. En 2013, le recensement a révélé qu'un jeune majeur sur cinq est illettré. Pourquoi ne pas établir de lien entre transmission du savoir et de la connaissance, et intégration à la vie en société ? Comme le dit le jeune agrégé de philosophie François-Xavier Bellamy, « L'école doit instruire avant d'éduquer, former et non formater. »
Je souligne que vos formateurs ne seront pas opérationnels avant la prochaine rentrée. D'autre part, l'éducation aux médias existe déjà, même si elle repose sur des initiatives personnelles des enseignants et que, depuis 2012, elle n'apparaisse plus comme une priorité, l'accent devant être mis sur l'usage du numérique comme outil ou support pédagogique, plutôt que sur l'analyse du média dans le but d'en décrypter les dangers éventuels.
Je ne suis pas sûre qu'ouvrir l'école aux journalistes, responsables associatifs ou représentants de la société civile, comme l'a annoncé le Président de la République en présentant ses voeux au monde éducatif, soit la meilleure façon de restaurer l'autorité des enseignants. Ne vaut-il pas mieux resacraliser ceux-ci et leur redonner notre confiance, afin qu'ils soient respectés comme l'étaient les hussards noirs de la République ?
Enfin, à l'heure où François Baroin et Didier Guillaume réalisent l'union sacrée pour la laïcité au sein de l'AMF, ne serait-il pas raisonnable, simple et prudent d'interdire le port du voile islamique aux accompagnatrices de sortie scolaire, ainsi que dans l'enseignement supérieur, afin de couper court à tout problème ?
3 commentaires :
Le 11/03/2015 à 15:39, Nme74 a dit :
Madame Duby-Muller,
La laïcité protege la libre expression de son culte dans l'espace publique pour toute personne habitant sur notre sol.
Il est devenu facile pour vous politiques de vous en prendre à la communauté musulmane au nom d'une laïcité que vous ne connaissez même pas!
Attachez vous plutôt à améliorer la vie de vos concitoyens dans un esprit de vivre ensemble plutôt que de diviser et stigmatiser et nous monter les uns
Contre les autres. Laissez ces femmes voilées tranquilles, arrêtez de les agresser sans cesse et proposez de vraies solutions à de vrais problèmes!
Demain jeudi 12 Mars aura lieu vote qui vise à interdire le port du voile dans les structures privées dédiées à la petite enfance.
Représentez nous correctement et votez contre.
Le 16/04/2015 à 15:15, laïc a dit :
@ Nme74, qui dit " La laïcité protege la libre expression de son culte dans l'espace publique pour toute personne habitant sur notre sol. "
La laïcité a pour mission de protéger les divers aspects des cultes uniquement dans la mesure où ces aspects des cultes ne vont pas à l'encontre des lois de la République déjà existantes. Au nom de la liberté de culte, le musulman aura-t-il le droit d'appliquer la charia là où il le veut quand il le veut, c'est-à-dire de faire passer les lois de la République en second plan ? C'est impossible. La liberté d'expression du musulman n'est acceptable que si cette liberté d'expression n'appelle pas à la discrimination et à la ségrégation.
D'autre part, la laïcité garantit le libre exercice du culte, mais également la liberté de conscience, et lorsque la liberté du culte va à l'encontre de la liberté de conscience, il est évident que la République doit favoriser la liberté de conscience.
Si la communauté musulmane ne cherchait pas imposer ses régles de vie, notamment dans les cantines scolaires en maternelle et dans l'élémentaire où la demande du double menu est permanente, alors que les revendications religieuses n'ont pas être prises en compte dans l'espace public, il y aurait nettement moins de rejet de l'islam en France. Si vous voulez être acceptés, faites au moins un effort dans ce sens, plutôt que de faire pression pour que la laïcité ne soit pas appliquée.
Quant au voile, n'oubliez pas qu'il peut être compris comme un signe politique et qu'il peut être rejeté pour ce seul motif dans les écoles publiques. Mais pas dans les facs car les signes politiques y sont autorisés (vue l'importante propagande politique qui tapisse les panneaux d'affichage dans les facs, propagande que personne ne lit d'ailleurs, sauf pour s'amuser...)
Le 17/02/2015 à 11:06, laïc a dit :
"Enfin, à l'heure où François Baroin et Didier Guillaume réalisent l'union sacrée pour la laïcité au sein de l'AMF, ne serait-il pas raisonnable, simple et prudent d'interdire le port du voile islamique aux accompagnatrices de sortie scolaire, ainsi que dans l'enseignement supérieur, afin de couper court à tout problème ?"
D'abord il faut appliquer le menu unique dans les cantines. Le problème des signes religieux, si problème il y a, passe en second plan. Rappelons simplement que les signe politiques doivent être interdits, mais pas les signes religieux, sauf si les signes religieux sont politisés et deviennent de ce fait signes politiques. Il est de l'honneur de la République que le mot "laïcité" ne soit pas employé à tout bout de champ, à tort et à travers, et soit réellement compris.
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