Oui, monsieur le député, hier après-midi, dans le centre-ville de Nice, a eu lieu une tentative d’assassinat à l’arme blanche, avec un couteau de cuisine très dangereux, à l’encontre d’un groupe de trois militaires qui assuraient la protection d’une institution culturelle juive. Deux d’entre eux ont été blessés, l’un au visage, l’autre, venu lui porter immédiatement secours, au bras. L’auteur a été neutralisé, interpellé et remis à la justice, qui a ouvert une enquête pilotée par le parquet antiterroriste.
Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, et le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, dont je vous prie d’excuser l’absence car ils sont aujourd’hui à Bruxelles, se sont rendus sur place avec vous afin de saluer le sang-froid des militaires agressés et de rendre hommage à tous les militaires des armées et membres des forces de l’ordre. J’y associe bien sûr votre police municipale. Militaires, gendarmes, policiers, policiers municipaux assurent chaque jour, au risque de leur vie, la protection de nos compatriotes.
Le risque terroriste est bien là, nous l’avons répété encore au cours de ces derniers jours, et il peut se manifester à tout moment, sur tout point du territoire. Cet ennemi terroriste, intérieur comme extérieur, nous l’avons identifié, dénoncé, et nous le combattons tous ensemble.
Le niveau de vigilance du plan Vigipirate a été relevé partout en France, vous le savez, à Nice comme ailleurs. Ce dispositif sera maintenu le temps nécessaire partout dans notre pays, et des moyens militaires exceptionnels sans précédent continueront d’être dégagés : plus de 10 000 soldats sur le terrain, en plus, évidemment, des policiers et des gendarmes.
À ce jour, 830 sites sensibles sont surveillés en France, dont 30 à Nice. Compte tenu de la situation particulière que la ville vient de connaître, parce qu’il y a toujours des possibilités de mimétisme, je viens de décider, comme en Île-de-France depuis quatre semaines, de passer le plan Vigipirate dans les Alpes-Maritimes au niveau alerte attentat. Tous les moyens doivent être employés, alors que l’auteur de cette agression a peut-être bénéficié de complicités.
Ce dernier avait présenté des signes de radicalisation idéologique à la fin de 2014, portés à la connaissance du service central du renseignement territorial et de la direction générale du renseignement intérieur. Ces signalements avaient immédiatement conduit à la mise en place de mesures de surveillance et de fouille lors de ses déplacements. Ce sont ces mesures et la coopération franco-turque qui ont entraîné son refoulement de Turquie afin d’éviter qu’il n’aille éventuellement rejoindre les bataillons du djihad pour se former au maniement des armes et des explosifs. Notre coopération avec les services turcs a permis d’assurer son retour avant qu’il ne puisse trouver le chemin de la formation à la terreur qu’il recherchait.
À son retour en France, il a effectivement été auditionné par la DGSI, mais aucun acte préparatoire, signe de passage à l’acte, aucune participation à une association de malfaiteurs permettant de le présenter à un juge et d’envisager une incarcération n’avait alors été détecté.