J'ai lu avec intérêt l'appel que vous avez publié, avec 76 industriels, dans la Tribune du 30 octobre. Vous y envisagiez en effet la question de la compétitivité sous un angle un peu différent de celui qui est à la mode aujourd'hui.
Vous le disiez tout à l'heure, un robot remplace des emplois non qualifiés, mais il offre aussi l'assurance de maintenir des emplois plus qualifiés. Cela pose la question du modèle de production que nous souhaitons. Allons-nous vers une usine sans ouvriers ? Ce n'est pas votre propos, mais cela a été un débat.
Je souhaite également vous interroger sur la définition des normes. Lors des auditions précédentes, il nous a été dit que les pertes de marchés de nos entreprises s'expliquaient notamment par l'insuffisance de la présence française dans les lieux de décision européens où s'élaborent ces normes. Leur définition serait dès lors plus favorable à d'autres pays – par exemple l'Allemagne – qu'au nôtre.
J'en viens à l'organisation des entreprises. L'organisation interne, la synergie, la mise en oeuvre de processus de production « lean », ce concept qui nous vient du Japon, doivent-elles selon vous être développées dans notre pays, ou ne jouent-elles qu'un rôle marginal dans les améliorations à réaliser ?
J'ai bien entendu votre propos sur la nécessité de rattraper notre retard en matière de processus de fabrication. Quelles relations les entreprises que vous représentez entretiennent-elles avec le secteur bancaire ? Qu'attendez-vous de la future Banque publique d'investissement (BPI) ? Avez-vous des exemples de commandes qui n'ont pu aboutir faute de financement ?
Suite au rapport Gallois, le Gouvernement a présenté un Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi. Quelles mesures sectorielles attendez-vous dans ce cadre, en sus du nouveau crédit d'impôt qui devrait être mis en oeuvre rapidement, et dans quels délais ?
Vous avez évoqué les dépenses d'innovation des entreprises. Vous savez que le projet de loi de finances en discussion étend le crédit impôt recherche (CIR) à l'innovation. Comment définiriez-vous celle-ci pour éviter toute dilapidation de l'argent public en faveur d'innovations qui n'en seraient pas ? Quels contrôles pourrions-nous exercer en ce sens ?
Je terminerai par la formation. Nous avons la chance d'avoir des écoles d'ingénieurs dans notre pays. Mais le scientifique de formation que je suis est bien placé pour savoir que les métiers scientifiques sont beaucoup moins attractifs qu'autrefois : nombre de bacheliers scientifiques ne poursuivent pas dans cette voie. Cela nous pose problème vis-à-vis de l'Allemagne, mais aussi de la Chine, où le nombre d'ingénieurs formés est sans commune mesure avec ce qu'il peut être en France.
Selon vous, le nombre de filières de formation professionnelles se réduirait dans votre secteur. Existe-t-il dans notre enseignement supérieur des dispositifs qui vous paraissent adaptés à la « production » des profils que vous recherchez ?