Nous partageons tous ici une idée simple : la meilleure énergie est celle que l'on ne consomme pas. Dans les années quatre-vingt-dix, un rapport dit Souviron en parlait déjà, mais, depuis peu, des progrès ont été faits.
La France a beaucoup de savoir-faire, notamment en termes d'ingénierie, et elle a aussi inventé les tarifs « EJP » – effacement des jours de pointe –, dont bénéficient encore 500 000 clients : il faut rendre hommage à EDF sur ce point. Les tarifs s'entendent en heures pleines ou creuses, et les cumulus permettent le stockage. Il faut faire fructifier ces atouts.
Il faut également insister sur la convergence croissante entre l'internet et l'énergie, industrie du XIXe siècle dont le mode de comptage est totalement archaïque. Le compteur électrique est en effet relevé tous les six mois alors que le prix de l'énergie évolue toutes les heures : en 2014, il a varié de 97 à moins 2 euros le mégawattheure, et avait même atteint, certaines années, 3 000 euros le mégawattheure. À l'inverse, le signal tarifaire est resté très simple malgré quelques innovations. Or les technologies de l'internet permettent de rationaliser la consommation sur la base d'informations en temps réel, que ce soit à travers des coupures automatiques, selon la solution proposée par Voltalis, ou par ce que nous proposons nous-mêmes. Pour prendre un exemple comparable au relevé semestriel du compteur, comment pourrait-on économiser le carburant d'une voiture si la jauge ne donnait l'information que toutes les six heures ? De même, comment pourrait-on contrôler sa consommation téléphonique si l'opérateur n'adressait un index de la consommation estimée que tous les six mois ?
Notre idée de base est simple : elle consiste à donner à nos clients les moyens d'analyser leur consommation d'énergie. Un compteur émet une pulsation toutes les deux secondes environ ; il est en quelque sorte le coeur du logement. Nos appareils en effectuent un relevé toutes les cinq secondes, relevé qui est ensuite transmis à nos clients, que nous pouvons alors conseiller sur l'optimisation de leur consommation. Les études de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) le montrent : une telle prise de conscience permet d'économiser de 10 à 15 % sur la facture.
D'autres mécanismes sont ensuite envisageables, tel l'effacement, auquel l'opposition de certains ne cesse pas de m'étonner. Si l'on peut protester contre la rémunération qui en est faite, il n'en demeure pas moins nécessaire en lui-même. Dans la plupart des pays, les aléas de l'offre et de la demande sur le marché des capacités exposent à des risques de coupure. Le marché français, lui, est dimensionné pour faire surgir ce risque tous les dix ans : le dernier exemple en date remonte à une vague de froid au cours du mois de février 2012. Aucun opérateur, si l'on applique le schéma des « marchés spot », ne peut bien évidemment accepter d'investir en escomptant des profits une fois tous les dix ans. Autrement dit, des mécanismes sont nécessaires ; or l'effacement, solution la plus économique, paraît bien plus judicieux que le développement de moyens de production coûteux : je ne comprends pas que l'on puisse prétendre le contraire – au reste, sans doute cherche-t-on plutôt à entretenir un certain flou sur la question …
L'économie d'énergie, c'est l'énergie gratuite ; mais il est une autre chose qui peut être gratuite et cependant très difficile à obtenir : l'information. Les consommateurs, nous semble-t-il, ne sont pas enclins à accorder leur confiance à un fournisseur qui les conseille sur les moyens d'économiser l'énergie qu'il leur vend ; d'où notre positionnement d'acteur indépendant, qui justifierait de nous ouvrir l'accès aux données d'ERDF, d'autant que nos conseils, dans leur teneur et leur objet, resteraient les mêmes quel que soit le fournisseur. Aujourd'hui la CRE nous oppose la réglementation, qui interdit la transmission des données à tout autre opérateur que le fournisseur. Mais si le client est d'accord avec la transmission de ces données déjà disponibles chez son fournisseur, pourquoi s'y opposer ?
Les deux opérateurs historiques – respectivement de fourniture et de réseau – détiennent une mine de données sur la consommation de leurs clients et son évolution dans le temps : autant d'informations précieuses pour orienter les conseils que nous pourrions donner, à l'instar de certains opérateurs pour les bâtiments d'État. Nous sommes tout à fait disposés à proposer des diagnostics gratuits et complétés, le cas échéant, par des offres de conseil. Pourquoi ne pas décider de cette chose simple, l'accessibilité à des données inexploitées, afin d'éclairer les clients sur leur consommation et de leur faire réaliser des économies ?