Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 3 février 2015 à 18h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Mes chers collègues, je remercie monsieur le Ministre de venir à nouveau parmi nous pour une audition fermée à la presse et consacrée à l'actualité internationale.

Il est convenu que vous ne feriez pas d'exposé introductif et que nous commencerions directement par les questions.

Pour ma part mes premières questions porteront naturellement sur l'Ukraine. Après la reprise des combats autour de Donetsk qui avaient empêché de donner la moindre suite au projet d'une réunion à Astana, les combats autour de Marioupol et l'impossibilité de parvenir à un accord de cessez-le-feu, laissent penser que cette crise est à un tournant. En dépit des pressions européennes et américaines, les séparatistes avancent et la Russie continue à tenir des propos très compréhensifs pour les séparatistes et très sévères à l'égard de Kiev, accusé d'avoir choisi l'option militaire. Alors que les graves difficultés économiques de la Russie pouvaient laisser penser que celle-ci assouplirait sa position, il semble que ce soit exactement le contraire qui soit en train de se produire. Le conseil affaires étrangères extraordinaire du 29 janvier a décidé de prolonger de six mois les sanctions adoptées en mars contres des personnalités séparatistes prorusses et russes. L'UE a décidé aussi de rajouter des noms à cette liste noire de 132 personnes visées par un gel des avoirs et une interdiction de voyager. Mais le conseil n'est pas allé au-delà. Les débats sur de nouvelles mesures restrictives ont semble-t-il profondément divisé les membres du conseil. Par ailleurs, dans certains milieux, le débat porte sur l'opportunité de livrer des armes à l'Ukraine. Le New York Times fait état d'informations selon lesquelles l'administration américaine l'envisagerait ce qui serait une escalade dangereuse. Pouvez-vous nous expliquer quelle est votre analyse sur toutes ces questions ?

S'agissant du conflit israélo-palestinien, ma première question porte sur les conséquences de la demande d'adhésion des Palestiniens à la CPI, acceptée par le secrétaire général des Nations unies le 7 janvier. Pourriez-vous nous en dire plus sur la conférence internationale proposée par la France, qui peut produire une dynamique nouvelle à condition que la méthode change et que nous évitions les écueils d'Oslo : comment promouvoir un accord global qui s'appuie sur l'initiative arabe de paix ? Croyez-vous-même d'ailleurs à sa réactivation ? Comment convaincre les Américains, mais aussi nos partenaires européens, particulièrement l'Allemagne et la Grande Bretagne, de la nécessité de remettre le Conseil de sécurité au coeur du règlement du conflit ? Comment enfin États-Unis et Union européenne peuvent-ils inciter plus fermement les deux parties à négocier? Qu'avons-nous à offrir au plan sécuritaire et économique à Israël et à la Palestine pour garantir la signature d'un accord et veiller à ce qu'aucun acte de violence n'en vienne troubler le déroulement ?

En Libye, le dialogue de Genève mené actuellement par l'envoyé spécial des Nations Unies, Bernardino Leon, laisse entrevoir une mince lueur d'espoir dans ce pays ravagé par les conflits. Quel type d'accord peut-on raisonnablement attendre de ce processus, qui ne rallie pour l'heure qu'une partie des acteurs libyens ? Comment pouvons-nous pousser l'ensemble des parties à dialoguer ? Quel pourrait être le rôle de la communauté internationale pour assurer la mise en oeuvre d'un éventuel accord politique ? Pouvez-vous faire le point sur la situation sécuritaire après les annonces de cessez-le-feu faites par l'armée et la milice Aube de la Libye il y a dix jours ? Comment évaluez-vous la menace liée à la montée en puissance de la branche d'Ansar al-Charia qui a prêté allégeance à Daech, dans la ville de Derna ? Enfin, pouvez-vous faire le point sur l'évolution des implantations terroristes dans le sud libyen : quelle est l'intensité des flux observés en direction du Sahel et du Nigéria, où sévit Boko Haram ?

Enfin, comme beaucoup ici, je me félicite que la France et le Maroc aient décidé de rétablir leur coopération judiciaire et sécuritaire. Pouvez-vous nous donner la primeur de l'accord auquel les deux ministres de la Justice sont parvenus ?

Jean-Paul Dufau. J'aimerais vous interroger pour commencer sur la situation en Tunisie, pays auquel nous devons accorder la plus grande attention. La « révolution de la dignité », baptisée aussi « révolution des Jasmins » a suivi jusqu'ici un processus de transition démocratique exemplaire. Le Gouvernement de coalition constitué début février réunit aussi bien des membres du parti Nidaa Tounes que des personnalités de la formation Ennahda.

J'estime pour ma part qu'il est de bonne politique de promouvoir la conciliation, afin de faire face aux nombreux défis qui attendent la Tunisie : une réelle fracture géographique, économique entre le Nord et le Sud, un certain divorce avec la jeunesse encore trop frappée par les difficultés économiques, enfin, la proximité de la crise libyenne qui menace la stabilité du pays. Monsieur le ministre, comment la France, qui est très attendue en Tunisie, vient-elle en appui de ses amis Tunisiens ?

Jacques Myard. J'aimerais tout d'abord vous féliciter, Monsieur le ministre, pour la présentation du nouveau guide Michelin au Quai d'Orsay. Cette belle « mise en bouche » nous rappelle que la gastronomie française est un de nos meilleurs atouts si nous voulons développer le tourisme et améliorer les performances de notre commerce extérieur.

Plus sérieusement, ma première question porte sur la libération de Kobané. Cet échec militaire laisse-t-il augurer un repli de Daech ? Par ailleurs, j'aimerais vous faire part de mes inquiétudes concernant l'Ukraine. J'ai pu voir une vidéo montrant un homme en uniforme ukrainien s'exprimant en anglais avec un accent américain. Pourriez-vous confirmer ou infirmer des allégations concernant la présence de forces spéciales américaines sur le terrain, notamment à Marioupol ?

François Loncle. Monsieur le ministre, vous rentrez de Chine où vous avez accompagné le Premier ministre. Le voyage semble avoir été très positif. La Chine, on le sait, est très impliquée en Afrique, alors que d'autres l'ont désertée. Pensez-vous qu'il soit possible d'envisager un début de partenariat entre nos deux pays sur ce continent ?

Odile Saugues. Quel regard portez-vous sur la succession du roi d'Arabie saoudite ? Quelles conséquences pour la relation franco-saoudienne ? Quelles marges de manoeuvre sur le plan interne dans un contexte de baisse des prix pétroliers ?

Pierre Lellouche. Je me joins aux propos de mon collègue Jacques Myard et me réjouis du succès de notre ministre en matière de valorisation de notre patrimoine gastronomique. C'est aussi une bonne nouvelle pour notre industrie agro-alimentaire.

J'aurai trois questions : cette belle visite politique en Chine a-t-elle donné lieu à des perspectives de signature de nouveaux contrats ? Sur l'Ukraine, je partage les inquiétudes d'Elisabeth Guigou. Si nous constatons que le dialogue est impossible que doit-on faire ? Une réunion de la dernière chance est-elle envisagée ? Enfin, six membres du Hezbollah ainsi que six Gardiens de la révolution iraniens ont été tués lors d'un raid israélien sur le Golan syrien. Des attaques du Hezbollah ont suivi en riposte. Y a-t-il selon vous un risque d'embrasement ou la situation vous semble-t-elle sous contrôle ?

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