J'attendais ce moment depuis longtemps. Ayant à plusieurs reprises interrogé le Gouvernement sur les propos tenus par le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale, je me suis toujours heurté à la réponse selon laquelle seuls les deux ministres aujourd'hui présents pourraient m'éclairer.
En septembre dernier, le Premier ministre avait évoqué trois hypothèses pour les départements : si le propos était clair dans son esprit – du moins je l'espère –, il l'était moins pour beaucoup d'entre nous. Première hypothèse : une articulation départementale rendue possible par la taille des métropoles – peut-être en avons-nous avec ce texte quelques prémices. Le Premier ministre avait aussi évoqué une douzaine de départements, dont la forte prégnance rurale impliquait qu'ils soient, bon an mal an, maintenus en l'état ; puis, d'échanges entre le Premier ministre et des représentants du monde rural, il ressortait que ce nombre avoisinerait plutôt les cinquante. Et voici que l'on nous annonce une nouveauté, qui appelle pour le moins des éclaircissements : des départements qui seraient des fédérations d'intercommunalités. Le concept ne laisse pas d'interroger, d'autant que la loi MAPTAM entraîne la création d'intercommunalités géantes – sur des décisions de l'État que les régions n'ont guère les moyens de contester –, s'étendant sur plusieurs départements. Comment, dans ce cadre, comprendre la notion de département fédération d'intercommunalités, troisième composante de la galaxie départementale annoncée par le Premier ministre ? La question se pose au sein de l'agglomération dont je suis élu. Le préfet du département m'a indiqué la semaine dernière que, selon le nouveau projet du préfet régional, cette intercommunalité basculerait de la Seine-et-Marne vers l'Essonne.
Les électeurs nous interrogent sur les cantons et leur redécoupage ; alors que les élus actuels ont un suppléant de sexe différent, ils devront en désigner un autre du même sexe qu'eux ; de plus, le Gouvernement est incapable de nous préciser les compétences qui seront celles des élus à l'issue du scrutin des 22 et 29 mars. Et que signifie cette trilogie des départements ? Devrons-nous attendre que les électeurs se soient prononcés pour comprendre ce sur quoi ils l'ont fait ? Pour l'heure, comme le rappelait M. Bussereau, nos concitoyens sont tentés par le double vertige de l'abstention et du vote extrême : l'abstention parce qu'ils ne comprennent pas ce sur quoi ils votent ; le vote extrême parce que, se doutant qu'il y a tout de même quelque chose à comprendre, ils préfèrent le coup de pied dans la fourmilière.