Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 6 février 2015 à 21h30
Croissance activité et égalité des chances économiques — Article 30

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Nous touchons là à un des éléments – je ne parle pas uniquement des parcs nationaux, ni de la loi littoral dont notre collègue a d’ailleurs remarquablement dit qu’elle ne concernait pas que le seul rivage mais qu’elle concernait aussi des terres très, très en profondeur – qui ont énormément contribué à paralyser notre pays depuis une trentaine d’années. Je crois que nous n’avons pas su appréhender cette réalité, et cela a d’ailleurs nui à tout le monde, y compris certainement aux Verts ici présents. Ils seraient certainement parvenus au pouvoir s’ils ne s’étaient fourvoyés dans la défense de certaines causes où ils n’avaient rien à faire, des causes promues par des groupes qui étaient aussi attachés à la protection de la nature que moi je suis proche de la NASA, si vous voyez ce que je veux dire.

Bref, cela s’est passé ainsi et beaucoup d’erreurs ont été commises. Pour ma part, je peux vous dire que je n’éprouve pas grande satisfaction à habiter à l’intérieur du parc national des Pyrénées. Mon père, qui est maintenant parti loin de nous depuis longtemps, mon père qui était pétri de liberté, qui aimait passionnément son pays, qui l’a servi, mais qui aimait aussi le territoire dont il estimait avoir la charge, qui l’aimait au point d’avoir choisi d’y vivre – ce territoire qui, pour lui, était aussi la France, et aussi l’humanité – mon père faisait tout pour nous apprendre à respecter ce territoire, à l’aimer de toutes nos forces, parce qu’il pensait qu’il devait être géré en bien commun, parce qu’il pensait que c’était un bien commun de notre pays.

Mais malheureusement, on s’est cru obligé de copier une fois de plus nos chers amis et cousins, parfois frères, américains. Eux peuvent se permettre de faire des parcs nationaux : leur pays est tellement vaste qu’ils peuvent constituer d’immenses parcs nationaux – je les ai presque tous visités – avec, à deux kilomètres, les activités les plus sordides pour la nature et la planète. D’ailleurs, s’il advient qu’on trouve une mine de nickel à l’intérieur d’un parc national, on se montre beaucoup moins regardant que chez nous : on l’exploite, après avoir licencié les deux pauvres hères qu’on avait habillés l’un en trappeur, l’autre en hôtesse d’accueil plus charmante que verte.

Je ne pense pas que ce que nous avons fait soit vraiment de la protection de la nature. Je pense que nous nous sommes fourvoyés. Et, l’Europe naissant et cherchant à exister malgré notre manque de courage pour lui donner une ossature, un sens, nous avons laissé éclore toute une série de directives qui ont quasiment réduit notre pays à l’état d’immobilisme dans lequel nous le connaissons aujourd’hui.

Dans ma prochaine petite déclaration, je dirai un mot du WWF, à qui je voue une reconnaissance éternelle et que je trouve tout simplement admirable, je dirai pourquoi.

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