Intervention de Philippe Kemel

Réunion du 4 février 2015 à 11h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Kemel, rapporteur :

Mes réponses s'inscriront dans la continuité des propos de M. le président. En nous faisant part des difficultés rencontrées pour une seule implantation, notre collègue Pierre-Yves Le Borgn' illustre tous les obstacles que doivent franchir les investisseurs. Aujourd'hui, il nous faut donc simplifier les procédures, ce qui nécessite, contrairement à ce qui a été avancé par certains, je pense à M. Myard, de la coopération à tous les étages : département, région, État. Lorsque nos amis alsaciens soulignent que leur région dispose de nombreux savoir-faire, je les encourage à partager autant que possible, entre tous les échelons territoriaux. C'est le sens de nos recommandations relatives à la création de structures permettant aux acteurs de se rencontrer et de coopérer. Pour coopérer il faut avoir une ligne très claire, et nous préconisons de travailler en termes de filières, de chaînes de valeurs, conformément aux trente-quatre plans industriels, qui constituent une colonne vertébrale solide.

Oui, reconnaissons-le, il y a davantage d'investissements directs à l'étranger depuis la France vers l'étranger que l'inverse. Mais au lieu de blâmer, réfléchissons en termes de complémentarité. Si je prends l'exemple du groupe PSA, que je connais bien, je rappelle qu'il est présent en Chine car une partie de son capital a été exportée vers ce pays, via une alliance avec un investisseur chinois qui lui permet de vendre des voitures en Chine. Or, une partie du moteur de celles-ci est fabriquée par l'entreprise la Française de Mécanique, et 2 000 salariés du site de Douvrin, dans ma circonscription, ont l'assurance d'être employés durant deux ou trois ans grâce justement à cette coopération avec la Chine. À terme, du fait de l'évolution des technologies de motorisation par exemple, il y aura nécessairement des investissements en France. C'est ce type de raisonnement qui nous amène à recommander la création d'une chambre de commerce franco-chinoise. Ce n'est pas parce que les investissements directs d'origine chinoise visent aujourd'hui avant tout à rassembler les capitaux déjà présents sur notre territoire et que les niveaux ne sont pas si importants qu'il faut rejeter cette idée. Au contraire, une chambre de commerce franco-chinoise peut permettre de conforter ces investissements et de les rendre plus lisibles. Nous plaidons pour le renforcement de la coopération à tous les échelons afin de reconquérir du terrain dans un système industriel qui est forcément celui de l'économie-monde.

Il nous faut être plus efficients, et en attirant des investissements de l'extérieur tout en poursuivant les nôtres, nous construirons la chaîne de valeur et nous nous positionnerons sur les segments d'activité au plus fort retour sur investissement, ce qui nous permettra, in fine, de parvenir à un rééquilibrage entre les territoires. En effet, il s'agit d'une démarche globale qui touche tant à la politique d'aménagement du territoire qu'à celle de l'indépendance nationale. Au coeur de notre rapport il y a le message suivant : nous sommes passés d'un échange de marchandises à un échange de capitaux, et il faut agir pour que ce dernier ait un impact positif sur l'économie réelle. Pour ce faire, nous devons développer les outils de coopération et de protection pertinents – à ce titre, le décret du 14 mai 2014 relatif aux investissements étrangers soumis à autorisation préalable, dit décret « stratégique » pris par M. Arnaud Montebourg, présente un intérêt et nous pensons possible d'élargir son champ. Chers collègues, voilà la ligne de force de notre rapport, je vous remercie de vos interventions qui permettront de l'enrichir.

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