Intervention de François Bourdillon

Réunion du 27 janvier 2015 à 13h30
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

François Bourdillon, directeur général de l'INPES et de l'Institut de veille sanitaire, InVS :

Mais il s'agit de cas extrêmes, que l'on identifie. L'Observatoire du droit des femmes a sorti un film de formation, absolument remarquable et que je vous recommande de regarder. Il raconte l'histoire d'une femme en pleurs, désespérée, qui va consulter. Il montre la manière spécifique avec laquelle les médecins peuvent interroger certains patients qui ne se dévoileraient pas d'eux-mêmes. En l'occurrence, cette femme s'était plainte de douleurs abdominales, une symptomatologie tout à fait fonctionnelle, et la consultation aurait pu se terminer avec du Spasfon et des antispasmodiques. C'est parce que le médecin l'a interrogée d'une façon spécifique qu'il a commencé à approfondir et que la femme s'est livrée et a raconté ce qui lui arrivait. Car c'est terrible de raconter, et je vous parle avec une expérience clinique : si vous ne lui tendez pas la perche, la femme ne vous parlera pas. Bien sûr, à partir du moment où elle vous parle, vous savez que vous allez vous retrouver dans des positions extrêmement inconfortables – signalement ou pas, devoir d'accompagnement, etc. Cela terrorise certains docteurs qui ne sont pas armés et qui ne savent pas où s'adresser. Voilà pourquoi toute la politique publique de violences faites aux femmes doit être construite et portée. Mais c'est loin d'être une affaire simple.

Vous m'avez également interrogé sur l'accès aux soins. Il convient de porter au bénéfice de Ségolène Royal le « Pass'contraception » qu'elle a institué en Poitou-Charentes pour permettre à tout un chacun, les filles surtout, de pouvoir consulter en ce domaine. Et avec quel succès ! À tel point qu'un certain nombre d'autres régions s'en sont emparées, élargissant parfois le « Pass'contraception » en « Pass'santé », pour que les adolescents, y compris en milieu rural, puissent consulter. Cela montre que, malgré l'aide médicale d'État (AME), les aides à l'acquisition d'une complémentaire santé (ACS) et tout un dispositif qui fonctionne de façon plutôt satisfaisante, certains obstacles persistent : l'obligation d'une avance financière, et pour les adolescents, le manque de confidentialité. En effet, il faut rappeler qu'une adolescente ou un adolescent est sur la carte Vitale de ses parents, que le remboursement se fera sur le compte de ses parents, ce qui, dans certaines situations, peut être compliqué. Ce point mériterait d'être mis en évidence.

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